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     Au moment où s’ouvre une exposition double sur le Caravage (à Toulouse et Montpellier), j’ai enfin osé entrer dans ce roman fleuve qu’est La Course à l’abîme (près de huit cents pages).

      De l’enfance lombarde de l’artiste à la fuite perpétuelle pour échapper à ses poursuivants, en passant par ses succès dans la Rome d’un XVIIe siècle naissant, c’est la vie tout entière de Michelangelo Merisi, dit Caravaggio, qui est mise en scène.

      Une large place est faite au peintre, mais l’homme, dévoré de passions et enclin aux coups de tête, est aussi au cœur du récit. Autour de faits avérés vient s’insinuer avec talent l’imagination de l’auteur, qui comble les manques de l’Histoire. Le fort tempérament de Caravaggio en fait un personnage d’une richesse incomparable. Le tableau de sa vie privée tumultueuse éclaire d’un autre jour des œuvres que connaît le lecteur. La destinée de Caravaggio est fort habilement inscrite dans l’atmosphère d’une Rome baroque souvent méconnue. Le poids de la Réforme catholique, les rivalités entre partis espagnol et français, l’influence du Saint-Office, mais aussi les enjeux politiques qui se nouent autour des artistes sont rendus avec talent. On apprécie la lecture ambivalente des tableaux, l’analyse des symboles religieux qu’ils peuvent renfermer. On se jette régulièrement sur un livre d’art ou sur Internet pour avoir sous les yeux l’œuvre que l’auteur dissèque délicatement. Un seul regret peut-être : la longueur du roman, qui manque parfois de rythme et se perd dans des circonvolutions narratives.

     Merci, Gwenn, pour m’avoir fait partager ton intérêt particulier pour ce roman.

La Course à l’abîme, Dominique Fernandez, 2002.