en bref : un salon coopératif…
23 mercredi Jan 2019
Posted Films, Inclassable
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La saison des Oscars est l’un des moments, dans l’existence du public américanisé, où son besoin de mesurer ce qui ne peut l’être rejoint son inclination pour les médailles, et relance son intérêt pour un cinéma autre que le cinéma de consommation, c’est-à-dire le cinéma de tapis rouge où les biopics sont toujours de bon ton. C’est donc le moment idéal pour les scandales, surtout à l’heure où les tweets navrants d’un James Gunn peuvent lui valoir un licenciement malgré pénitence ou prescription, même si cela revient à confondre biographie et filmographie car l’image participe de la marque. Et c’est aujourd’hui l’occasion de reprocher à Green book de ne pas être assez « black », voire de ressusciter du débat #OscarsSoWhite le test imité de celui de Bechdel pour vérifier si « African-Americans and other minorities have fully realized lives rather than serve as scenery in white stories », autrement dit le test de DuVernay proposé par la journaliste Manohla Dargis. Car on reproche au film d’être conçu du point de vue du personnage blanc, mais Kareem Abdul-Jabbar a relevé pour The Hollywood reporter qu’il s’agissait d’un protagoniste dont les interactions avec le personnage noir aboutissaient à des changements, et qu’il était l’interface idéale avec les spectateurs le plus susceptibles d’en être affectés…
Mais le Noir qui va dans le Sud de Crow est gay, et le public se dira peut-être que cela fait beaucoup, quelle que soit la valeur accordée au label « histoire vraie », qui permet d’assimiler le questionnement sur la « noirceur » du film au faux procès, sans garantir d’entendre les morceaux composés par l’homme à l’origine du personnage. Mais il se le dira fugitivement car la confirmation de ce trait ressemble aux autres situations, quand la plupart sont présentées avec une manière qui vise à éviter tout juste le cliché sans pour autant éviter le sujet, et dans une logique hésitant volontairement entre road movie et Christmas carol. Etranger hors de sa tour d’ivoire ou de son Steinway et de son Cutty Sark, aux Blancs pour avoir leur culture sans leur couleur et aux Noirs pour avoir des manières de maîtres ou leurs moyens, le personnage du docteur Shirley, interprété par Mahershala Ali avec cette délicatesse de démineur opposé à des caricatures explosives, a choisi la musique comme thérapie ou la dignité au prix de la solitude, lentement fragilisée par cette transformation dont il est en partie responsable chez son chauffeur, et ce partenaire lointain qu’est l’épouse à laquelle il parle ou écrit comme un Cyrano. Face à lui, Viggo Mortensen joue de son contre-emploi de la même façon que le réalisateur, mieux après être passé de l’exposition conventionnelle de la famille italo-américaine à l’accumulation de choses simples ou brèves et signifiantes ensemble, comme s’il vivait les changements de son personnage en appliquant la Méthode dans ce qui fait l’effet d’une comédie de caractère, ou d’un joli contrepoint à In the heat of the night.
30 dimanche Oct 2016
Posted Films, Littérature étrangère, Littérature contemporaine
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Encore un billet clin d’oeil à mes camarades cuisinières !
L’origine de cette lecture est une bande annonce, vue lors d’une sortie au cinéma avec une amie. En fouinant un peu de ci de là, j’ai appris que le film de Naomi Kawase était l’adaptation d’un roman, qui, par hasard, a croisé mon chemin dans une librairie d’occasion.
Entre voie ferrée et cerisiers, Sentarô tient une petite échoppe où il cuisine et vend des dorayaki. Cette pâtisserie à base d’an, la pâte de haricots rouges, régale les collégiennes qui s’arrêtent sur le chemin du retour, mais n’attire pas les foules. Sentarô se débrouille plutôt bien pour les pancakes, mais ses haricots confits ne sont pas exceptionnels. Tokue le lui a fait remarquer le jour où elle a demandé si elle pouvait être embauchée à ses côtés. Après bien des hésitations, Sentarô décide de faire confiance à la vieille dame, qui lui apprend comment réaliser le an. En peu de temps, ces nouveaux dorayaki remporte un succès inattendu. Tokue s’épanouit au contact des clients, et se lie d’amitié avec Wakana, une collégienne solitaire. Mais les doigts déformés de la vieille dame attirent l’attention, et une rumeur vient mettre en péril un bonheur bien fragile.
Une intrigue poignante, des personnages atypiques qui peinent à trouver leur place dans la société contemporaine, des bonheurs simples : le roman de Durian Sukegawa réunit avec beaucoup de finesse des éléments en somme peu originaux. Mais l’ensemble fonctionne, porté par une écriture d’une grande simplicité. Pas de leçon de morale ni de happy end, ce qui sort un peu de l’ordinaire de la production romanesque. Les délices de Tokyo offrent une jolie leçon de vie, encourageant à profiter de l’instant présent, à contempler une nature généreuse.
Le film de Naomi Kawase, fidèle au roman, le prolonge en donnant corps aux personnages. Une courte scène ajoutée à la fin apporte un soupçon d’optimisme supplémentaire. Et l’édition du DVD propose en bonus un feuillet avec la recette des dorayaki. Avis aux blogueuses cuisinières !
26 dimanche Fév 2012
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Une fois n’est pas coutume, laissons de côté la lecture et parlons de thé dans ce salon.
Contraint, pour des raisons professionnelles, de m’abandonner un soir de Saint-Valentin (et accessoirement veille de mon anniversaire), mon cher et tendre a eu la charmante attention d’emprunter, à la médiathèque, un DVD destiné à occuper ma soirée. Un monde de thé, tel était le titre prometteur.
Ce documentaire, réalisé par Pierre Barboni, s’efforce de présenter le thé sous tous ses aspects. Depuis l’arbre (une variété de camélia) et sa culture à la dégustation, en passant par les récoltes (faites exclusivement par des femmes), les transformations subies par la plante avant qu’elle ne soit dégustée (et qui donnent les différents types de thés, blancs, verts, noirs…).
Le spectateur passe ainsi de Chine au Japon, jusqu’en Inde et en Europe ou en Afrique. L’histoire du thé et les traditions tiennent une place importante, mais les cultures et transformations modernes ne sont pas délaissées. On apprend beaucoup en regardant ce film. On rêve beaucoup aussi, devant des paysages exotiques pour un Européen, et on salive devant les pâtisseries au thé. Enfin, surtout, on se prend à imaginer les prochains achats à réaliser pour compléter sa théothèque.
A ce documentaire s’ajoute un disque consacré à la présentation des différentes manières de préparer le thé, ainsi qu’à des recettes au thé ou la présentation d’artisans comme les fabricants de chasen.
Un monde de thé m’a finalement permis de passer une agréable soirée, à la fois instructive et divertissante. Il n’est d’ailleurs pas impossible que ce DVD finisse par rejoindre la DVDthèque familiale.
Un monde de thé, Pierre Barboni, Kea Production, 2010.