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Ils forment un couple uni, en apparence indestructible. Rien ne les effraie, du moment qu’ils sont ensemble. Mariés contre l’avis de leurs familles, ils n’ont pas hésité à quitter leurs attaches pour s’installer à Delhi, à relever les défis professionnels qui se sont présentés. Leur bonheur se nourrit de peu. Le désir qu’ils éprouvent l’un pour l’autre semble inextinguible. Il ne leur manquait plus que la maison de leurs rêves, et ils la découvrent sur les hauteurs himalayennes.
Au hasard des travaux de rénovation, un étrange coffre est mis au jour. Il renferme le journal intime d’une ancienne propriétaire, une Américaine qui confia ses secrets à soixante-quatre épais carnets. Malgré les mises en garde, le narrateur se plonge dans la lecture de ces notes. Obnubilé, désorienté, il met ainsi en péril un bonheur patiemment construit.
Croisé de temps à autre au gré de pérégrinations bloguesques, ce roman m’intriguait. Ses presque sept cents pages n’ont pas eu raison de ma curiosité, mais elles n’ont pas tenu leurs promesses. Si l’intrigue est d’une grande simplicité, le roman est truffé de longueurs et de passages dispensables. Les multiples scènes de fesses, répétitives et souvent inutiles au déroulement de l’histoire, finissent par lasser. Nul besoin de sexe toutes les dix pages pour que le lecteur comprenne le désir qui unit les héros. Il n’est pas certain non plus que le récit par le menu du roman avorté commis par le narrateur soit bien nécessaire. Mêler différentes intrigues, qui viennent se nourrir mutuellement, peut être intéressant mais le procédé est ici porté à un degré tel que la nausée n’est pas loin. On finit par s’ennuyer ferme, en attendant que le journal, dont il est question dès les premières pages, devienne enfin le cœur du récit, puis en supportant les états d’âme du narrateur. L’attrait de l’exotisme indien s’émousse peu à peu, étoffé au-delà du supportable dans des récits annexes et des envolées philosophico-politico-historiques.
On est bien loin de la littérature indienne d’une Bulbul Sharma, qui sait équilibrer avec talent intrigue et incursion dans la civilisation du sous-continent. La tentation est grande de reléguer Loin de Chandigarh dans le bibliocachot craint par le narrateur.
Loin de Chandigarh, Tarun J Tejpal, 2005.