Publié par mrspepys | Filed under Inclassable
Un brin de muguet
01 mercredi Mai 2019
01 mercredi Mai 2019
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10 lundi Avr 2017
Une parenthèse dans les lectures belges pour évoquer un roman au sous-titre évocateur « Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es ».
La lassitude de la vie parisienne, autant que l’impression de liberté retrouvée une fois les enfants envolés du nid, poussent Nathalie et son époux à s’installer à Uzès. Professeur de Lettres, Nathalie a le sentiment d’avoir un peu fait le tour du métier. L’occasion de se renouveler, de tenter autre chose, se présente quand la librairie de la place aux Herbes est mise en vente. Nathalie se laisse aller à un achat tout à la fois coup de tête et coup de coeur. Elle apprend sur le tas à mener son commerce et à frayer avec les lecteurs.
Composé de tranches de vie, qui correspondent à autant de lecteurs différents, ce roman raconte non seulement comment Nathalie devient libraire mais surtout comment son métier la conduit à rencontrer des personnes dont les livres lui permettent de partager, pour un moment, les soucis ou les joies. Certaines de ces histoires sont touchantes, comme la toute première mettant en scène une jeune fille qui apprend à s’affranchir des conseils de lecture maternels ou celle du marcheur. D’autres sont un peu tirées par les cheveux, car l’héroïne outrepasse largement son rôle de libraire pour s’improviser mère de substitution ou psychologue. L’histoire du soldat dans le coma ou celle de Leïla, la jeune commerçante ambulante qui ne savait pas lire, manquent de vraisemblance. On retrouve des accents de Au bon roman, mais c’en est une version plus caricaturale qui est proposée. Et si on veut chicaner un peu, il aurait été pertinent de se renseigner un peu sur le métier de professeur de Lettres : les élèves de Terminale scientifique ne disposent plus aujourd’hui d’une option Littérature…
Les amateurs de « happy ends » trouveront sans conteste leur bonheur dans ce roman où les problèmes se résolvent grâce à la bonne volonté et aux bonnes lectures. Les deux cents pages se lisent avec facilité, car le style de l’auteur est très fluide, mais je ne suis pas certaine qu’il m’en restera grand’chose dans quelques années. Peut-être les illustrations de Camille Penchinat qui peuplent agréablement ces pages, et l’idée qu’il est possible, quand on en a vraiment envie, de changer de vie pour se consacrer à une passion.
03 jeudi Mar 2016
Posted Policier et thriller
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Les enquêtes de Séraphin Cantarel ne sont pas nombreuses (cinq, pour être précis). Il convient donc de les déguster avec intelligence, au moment opportun, pour ne pas gâcher. L’an dernier, La Pomme d’or de Rocamadour a rejoint ma PAL, où elle est demeurée dans l’attente de ce moment propice. Or les dernières vacances ont été l’occasion d’un passage à Rocamadour. L’heure était venue de sortir le roman de ma PAL…
Originaire du Lot, Séraphin Cantarel ne se fait pas prier lorsqu’on l’envoie en mission sur ses terres. Alors que la France retient son souffle à chaque match disputé par Yannick Noah, espérant une victoire française au tournoi de Roland Garros, le conservateur en chef des Monuments français s’emploie à mettre la main sur la Pomme d’or de Rocamadour, dérobée au musée d’Art sacré de la ville. Cette disparition est fort mal venue, car Séraphin, secondé de son fidèle adjoint, le beau Théo, est en effet dépêché à Rocamadour pour estimer l’intérêt d’un contrôle du Ministère de la Culture sur ledit musée. Entre querelles opposant laïcs et clercs, mais aussi les petits coqs de village, l’affaire ne semble pas simple à démêler.
Cette nouvelle intrigue s’inscrit à la perfection dans une série qui s’étoffe progressivement, et dont on espère qu’elle se poursuivra. Le lecteur retrouve les éléments qui font le sel des aventures de Séraphin Cantarel : un arrière-plan culturel qui met en valeur un patrimoine local (la ville de Rocamadour et notamment la Vierge Noire et le chemin de croix), des personnages sympathiques (le couple Cantarel et le jeune Théo, of course, ainsi qu’un policier, toujours haut en couleurs), de jolies références gastronomiques qui mettent l’eau à la bouche (bien envie de goûter la suze-cassis…), et évidemment une enquête construite avec intelligence, sans retournement ou révélation ahurissants. Tout est savamment dosé pour faire passer un bon moment de lecture, y compris l’humour.
Quelques jours après avoir visité la ville, j’ai apprécié en retrouver les lieux principaux dans le roman. Il manquait cependant à mes découvertes le musée d’Art sacré, qui est fermé et où ne se trouve aucune pomme d’or, puisqu’elle a été inventée par l’auteur (un article de la Dépêche sur le sujet). Une fois encore, Jean-Pierre Alaux mêle avec beaucoup de talent faits réels et fiction, comme dans les précédents volumes (ici ou là, pour ceux qui ont fait l’objet d’un billet). On attend le suivant…
La Pomme d’amour de Rocamadour, Jean-Pierre Alaux, 2015.
30 vendredi Mai 2014
Posted Policier et thriller
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Arts, impressionnisme, jardins, lectures en série..., Pénélope
L’audacieuse Pénélope Breuil est de retour ! Fraichement nommée au Mobilier national, elle s’aventure dans un dîner organisé au Musée Marmottan-Monet. Une panne d’électricité et deux disparitions : la soirée est loin d’être ennuyeuse. Et voilà Wandrille, le désormais fiancé de Pénélope, qui retrouve les disparues, l’une dans les journaux qui annoncent son assassinat, l’autre à la terrasse du Café de Paris, à Monaco. Le hasard mêle une fois encore le jeune couple à un drôle de mystère, où Claude Monet tient une place de choix. Entre Giverny et Monaco, des mondanités parisiennes aux préparatifs d’un mariage princier, Pénélope et Wandrille font appel à leurs neurones comme à leurs connaissances, trouvent le temps de cabotiner et de plaisanter, réussissent même à envisager l’organisation de leurs propres épousailles. Une enquête menée tambour battant, comme à l’accoutumée.
A peine entrevu dans la vitrine d’une librairie, ce roman est tombé dans mon escarcelle et n’a guère eu le temps de passer par ma PAL. La série des « Enquêtes de Pénélope » est, à mon humble avis, parmi les plus réussies du moment. Cela tient essentiellement à l’érudition, savamment travaillée, de l’auteur, ainsi qu’au ton des textes. Les romans sont truffés d’informations et anecdotes liées à l’art comme à l’histoire, et surtout intégrées avec la délicatesse d’un orfèvre dans une intrigue bigrement bien ficelée. On apprend beaucoup (ou on révise, pour certains lecteurs érudits) et on prend un immense plaisir à suivre les aventures du couple de héros. Dans ce quatrième volet de la série (après Bayeux, Versailles et Venise), c’est l’impressionnisme et Claude Monet qui sont mis à l’honneur. Le lien entre Clemenceau et un des pères de l’impressionnisme est éclairci. Les dessous du marché de l’art et les sombres affaires d’authentification des oeuvres sont placés au coeur du propos. Pénélope fait l’idiote, Wandrille médite un assassinat, et il est question de crocodiles, de nymphéas, de bonnes soeurs et de (mauvaise) musique. C’est passionnant, un tantinet farfelu, et diablement bien écrit. On en redemande !
Intrigue à Giverny, Adrien Goetz, 2014.
Avec ce billet s’ouvre une nouvelle rubrique de ce salon, « Lectures en série… » Au moins une fois par mois, elle mettra à l’honneur un roman tiré d’une des moult séries que j’affectionne.
Et toujours l’objectif PAL…
10 jeudi Avr 2014
En pleine nuit, cinquante ans après sa disparition, le narrateur ressent le besoin d’aller saluer sa grand-mère. En guise de visite, il se remémore les moments passés à ses côtés, dans la petite maison de Bruges où il passait le plus clair de ses vacances. Thérèse-Augustine est une vieille dame passionnée, qui mène jusqu’au bout chacun des projets qu’elle mitonne pour son petit-fils. Elle lit les mêmes romans que lui, l’emmène découvrir Bruges après avoir étudié soigneusement un guide touristico-historique, concocte des jeux qui le poussent à explorer le Petit Larousse. Dans la fraîcheur des fins d’après-midi, elle raconte aussi son enfance, sa vie de nomade au gré des mutations de son époux disparu. Elle n’hésite pas à enfourcher une bicyclette pour une excursion en bord de mer. Elle résiste mal cependant à son départ de Bruges, à son installation bruxelloise.
Les souvenirs les plus précieux qu’a l’auteur de sa grand-mère sont ancrés dans une petite maison du faubourg Saint-André, flanquée d’un joli jardin. Et il les partage superbement avec son lecteur. Thérèse-Augustine est une grand-mère de conte de fées, aimante et enthousiaste, toujours prête à relever de nouveaux défis pour son petit-fils. Des émotions diverses étreignent le lecteur, renvoyé ainsi à ses propres souvenirs. L’humour n’est pas absent d’un texte où domine un ton largement optimiste, à l’image de ce qu’était vraisemblablement la petite dame de Bruges.
Une très belle lecture, toujours dans le cadre du mois belge.
La petite dame en son jardin de Bruges, Charles Bertin, 1996.
23 jeudi Mai 2013
Posted Policier et thriller
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Depuis quatre années qu’il est monté sur le trône de France, Louis XVI peine parfois encore à imposer son autorité. Dans l’ombre se trament complots et conspirations. Louvoyant dans cette atmosphère pesante, Nicolas le Floch opère à la ville comme à la cour, tantôt sous les atours du commissaire du Châtelet, tantôt sous ceux du marquis de Ranreuil. Après s’être frotté au combat naval contre les Anglais, il est de retour à Paris où il est pressé d’enquêter sur la disparition d’un bijou de la reine, tout en poursuivant un meurtrier qui laisse derrière lui d’étranges devinettes imprimées sur des partitions. Une fois encore s’entremêlent affaires d’Etat et chasse aux vils criminels.
Cette septième aventure du sieur Le Floch reprend les ingrédients qui ont fait la particularité en même temps que le succès de la série. Le cadre des intrigues tient scrupuleusement compte des faits historiques. L’intrigue est menée à un rythme qui permet au lecteur de suivre le raisonnement du héros, qui évite les rebondissements aussi intempestifs qu’inutiles, et permet donc de se faire une idée quant au dénouement de l’enquête. On retrouve avec plaisir les personnages qui peuplent le petit monde du commissaire Le Floch, leurs petites manies et leurs bons mots. Le style et le travail sur une langue aussi proche que possible de celle de la fin du XVIIIe siècle se savourent.
Dans ce volume en particulier, j’ai beaucoup apprécié de découvrir davantage les musiciens du roi, et plus précisément les castrats. La bataille navale est également bien rendue. Une fois encore, l’auteur parvient à lier habilement, sans assommer le lecteur de détails érudits, connaissances historiques et intrigue policière. C’est avec plaisir que je reviendrai à cette série, dont plusieurs titres sommeillent dans ma PAL.
20 lundi Mai 2013
Profondément marqué par un accident dont il n’est en rien responsable, Matabei Reien quitte sa vie d’artiste à Kobé. Il se réfugie dans une région reculée au Nord de l’île d’Honshu, et prend pension chez dame Hison. Alors que ses économies s’épuisent, elle lui propose de rester à condition de prêter main forte au jardinier, Osaki. Matabei découvre ainsi que le vieil homme est aussi peintre d’éventail. Et quand il meurt, Matabei s’efforce de lui succéder au jardin comme en peinture. Il prend progressivement conscience du lien qui unit ces deux activités, et en partage à son tour les secrets avec le jeune marmiton de la pension, Xu Hi-Han. Mais un matin de mars 2011, le bel équilibre patiemment établi chez dame Hison est brisé.
Ce roman, assez court, est d’une densité et d’une profondeur étonnantes. Il se savoure lentement. Pour prendre toute la mesure de son propos, pour se délecter des descriptions de paysages et apprécier les haïkus, pour apprendre à cerner les personnages, il est nécessaire de prendre son temps. Il faut flâner dans ce roman comme on le fait dans un jardin qu’on découvre pour la première fois. Le style délicat de l’auteur y invite le lecteur. Les couleurs du jardin, le murmure de l’eau et le souffle du vent se matérialisent. On prend aussi le temps de mieux faire connaissance avec les personnages, avec leurs blessures respectives, de la courtisane repentie au couple adultère, en passant par l’adolescent maladroit.
Le coeur de l’intrigue repose sur une double initiation. Maître Osaki apprend à Matabei, puis ce dernier à Hi-Han. Afin de se frotter aux réalités de la vie, la sagesse des plus anciens apparaît indispensable. Elle peut modifier la perception que l’on se fait du monde, des personnes qui nous entourent. Le propos du roman ne se limite cependant pas à cette vision des relations entre générations. Il soulève la question de la concurrence ou de l’incompréhension qui peut s’établir entre jeunes et vieux. L’amour d’une jeune femme ou la question du bien-être sont différemment perçus selon l’âge des protagonistes. L’entêtement du vieux Matabei, qui s’éprend d’Enju, ou celui de la vieille femme refusant de quitter sa maison après le tsunami de mars 2011, demeurent incompris. Pourtant l’un comme l’autre finissent par imposer leur point de vue.
Le plus surprenant est sans doute qu’Hubert Haddad ne s’est jamais rendu au Japon. Il parvient néanmoins à créer une atmosphère proche de celle de romans japonais, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Pour les plus séduits d’entre eux, le charme continue d’opérer dans Les haïkus du peintre d’éventail, publiés par le même auteur.