• About

Le salon de mrs pepys

~ carnet de lecture

Le salon de mrs pepys

Archives de Tag: à la campagne

Tour de France des villes incomprises

17 samedi Août 2019

Posted by mrspepys in Récits de voyages

≈ 4 Commentaires

Étiquettes

à la campagne, en France, Voyages

L’été, les récits de voyage ont un goût particulier. Tandis que la foule des vacanciers entreprend la migration saisonnière socialement recommandée, que les réseaux sociaux débordent de photos ensoleillées, je déguste paisiblement ces voyages immobiles.

Repéré voici près d’un an chez Keisha, le tour de France atypique de Vincent Noyoux a été dévoré sans passer par la PAL. L’auteur est journaliste, s’est essayé à la rédaction de guides touristiques, donc habitué à des destinations prisées des voyageurs contemporains. Cette fois cependant, il décide d’arpenter une douzaine de villes françaises mal connues, à la réputation souvent désastreuse. Une « idée saugrenue […] venue en réaction à [s]on noble métier de journaliste de voyage ».

Certaines ont connu leur heure de gloire touristique comme Châtel-Guyon, ou industrielle tels Cholet ou Saint-Nazaire, ou encore les petites villes de la vallée de la Fensch, abandonnées à leur sort par un géant indien de la sidérurgie. Et puis viennent ces villes moquées, semble-t-il, de tout temps. Guéret et Vesoul en étant de parfaits exemples.

Vincent Noyoux se fait fort, en trois ou quatre jours, de découvrir les attraits souvent mal mis en valeur, de ces petites villes de province. Promenades au hasard des rues grises et des rencontres révèlent quelques pépites architecturales ou historiques, mais, au bout du compte, il est difficile de ne pas conserver, comme un petit arrière-goût amer, cette impression de morosité ambiante que, spontanément, on associe aux villes présentées.

A mi chemin entre le guide et le récit de voyage, l’ensemble se lit avec plaisir. Ecrit avec simplicité et sans faux-semblant, ces douze textes peuvent aussi bien donner envie d’aller explorer ces territoires oubliés que décourager les amateurs d’exotisme à tout crin. A une époque où le citadin des métropoles s’escrime à retrouver une authenticité qui relève du mythe, on peut imaginer que les petites villes de province qui sauront s’apprêter pour les recevoir ont un bel avenir touristique.

« Le voyageurs n’ont aucune imagination. Ils partent explorer des terres lointaines parce qu’elles sont lointaines. Ils filent au bout du monde pour fuir leurs semblables. Là-bas, ils s’aperçoivent que le bout du monde est plein de monde. »

Tour de France des villes incomprises, Vincent Noyoux, 2016.

Publicité

Maîtres et esclaves

17 dimanche Mar 2019

Posted by mrspepys in Littérature contemporaine, Littérature française

≈ 2 Commentaires

Étiquettes

à la campagne, Chine, ELLE, Histoire, peinture

Naître dans les prémices d’un régime politique n’est pas nécessairement de bon augure. La destinée de Tian Kewei (né en 1950, dans une province reculée en bordure d’Himalaya) et celle de la toute jeune République populaire de Chine sont intimement liées dans l’intrigue joliment ficelée par Paul Greveillac. Il retrace, dans un style d’une élégance et d’une complexité peu comparables à celles des auteurs à la mode, la vie d’un jeune homme issu d’une famille considérée comme droitière mais gravissant néanmoins les échelons de la société communiste.

Ce personnage principal est pourtant doté d’un caractère si falot et d’une intelligence si limitée qu’on ne peut l’appeler héros. Il semble subir sa vie plus qu’il n’en choisit les étapes, son seul atout étant son intérêt pour le dessin et la peinture. Autour de lui, les personnages secondaires constituent une riche galerie, où hommes et femmes agissent avec plus de courage et de noblesse que le pauvre Kewei – ce qui les conduit inévitablement à une fin dramatique. Le meilleur ami du peintre et son fils sont ainsi sacrifiés aux passions de leur époque.

Ces choix amènent à penser que le héros du roman n’est pas tant Kewei que la Chine communiste, parcourue de soubresauts au rythme des réformes voulues par Mao et ses successeurs. Difficile de se passionner pour un personnage aussi inconsistant, tandis que les différents épisodes de l’histoire chinoise contemporaine offrent mille rebondissements, des drames et des espoirs. Le tableau de la Chine maoïste que peint l’auteur est minutieux et vraisemblable à tous points de vue. Les évolutions politiques et sociales sont rendues avec finesse et permettent au néophyte de se familiariser avec l’histoire de la République populaire. Quant à faire de Kewei un artiste, cela propose une entrée aussi originale que représentative dans les évolutions idéologiques. Jolie mise en abyme que cette double approche via l’art des remous historiques. Et mise en bouche sans doute, avant une exploration de la bibliographie de Paul Greveillac.

Maîtres et esclaves, Paul Greveillac, 2018.

Une maison parmi les arbres

28 jeudi Fév 2019

Posted by mrspepys in Littérature étrangère, Littérature contemporaine

≈ 3 Commentaires

Étiquettes

à la campagne, ELLE, Livres, souvenirs

Morty Lear vient de mourir. Cet auteur de livres pour enfants laisse derrière lui la gestion de ses œuvres, une collection d’objets inspirés d’Alice au pays des merveilles et une maison dans le Connecticut. Tomasina Daulair, son assistante / dame de compagnie hérite de l’ensemble, ainsi que d’un projet de biopic sur Morty, qui conduit l’acteur vedette à explorer le passé du défunt.

Qu’il est plaisant de se plonger dans un roman où la préoccupation première n’est pas une intrigue menée tambour battant avec une avalanche de péripéties ! Comme Morty Lear s’est installé dans sa maison parmi les arbres pour y trouver le calme, le lecteur peut s’installer tranquillement dans un roman paisible où comptent d’abord les personnages. Il  les regarde vivre, réagir aux événements, en particulier la mort de Morty qui bouscule bien des équilibres.

Julia Glass propose une réflexion sur le sens de la vie et, pour ce faire, elle impose un rythme nécessairement lent. Elle dessine le parcours de personnages aux origines et aux ambitions différentes, de l’enfance à l’âge adulte, voire la maturité pour certains. L’influence de la famille, les choix conscients ou contraints guident chacun des protagonistes du roman. En filigrane apparaît aussi le tableau d’une époque, où la jeunesse et l’originalité à tout crin sont davantage récompensées que l’expérience ou la pondération.

Le contexte de l’intrigue, à savoir le petit monde des écrivains et de ceux qui les accompagnent, crée un écho avec certains romans de Paul Auster. Le pouvoir des mots et des livres, les liens avec le public et la question de la postérité d’un auteur sont en effet des thèmes communs. Mais le style de Julia Glass se distingue par une plus grande légèreté, une forme subtile d’optimisme qui fait de la lecture de son roman une parenthèse enchantée.

Une maison parmi les arbres, Julia Glass, 2018.

Trois fois la fin du monde (MRL18)

08 jeudi Nov 2018

Posted by mrspepys in Littérature contemporaine, Littérature française

≈ 4 Commentaires

Étiquettes

à la campagne, Famille, nature

Enfant sage et employé modèle, Joseph Kamal n’aurait jamais dû connaître la prison. Mais pour dépanner son frère, il l’assiste pendant un braquage. Qui tourne mal. C’est à la fois le début d’une nouvelle vie pour Jo, et la fin d’une vision du monde. Se plier aux règles du milieu carcéral n’est pas une sinécure, et quand enfin celui qui a hérité du surnom de Bigoût parvient à trouver sa place survient la catastrophe. La pagaille qui succède à une explosion nucléaire permet à Joseph de prendre la tangente. Il fait partie des bienheureux immunisés, qui peuvent continuer à vivre normalement dans la zone contaminée. Et il ne s’en prive pas, s’installant dans une petite ferme où il recueille un mouton et un chat.

Si le passage de Joseph en prison n’occupe qu’un tiers du roman, la violence qui s’en dégage coupe le souffle. Le lecteur n’est guère plus prêt que Jo à affronter ces quelques dizaines de pages. L’installation progressive dans la zone interdite, la découverte de la vie rurale, de ses joies simples et de ses contraintes apparaît alors comme un retour au paradis. L’opposition entre ces deux aspects du roman est si brutale qu’on prend le temps de savourer les aventures du Robinson Crusoé moderne. Il s’est choisi son île et apprend à l’aménager. Le ton et le style changent. Le rythme de lecture aussi. Déboussolé, le lecteur, même s’il n’est qu’en partie séduit par le propos, ne peut qu’admirer le tour de force de faire cohabiter des aspects aussi différents de la vie. Il s’agit peut-être de faire réfléchir à la nature humaine, mauvaise et violente dans les villes qui l’avilissent, et apaisée dans un décor champêtre. Plus qu’à Defoe, c’est finalement à Rousseau que fait songer Trois fois la fin du monde. Avec un dénouement qui vient confirmer le besoin de société de tout être humain.

Trois fois la fin du monde, Sophie Divry, 2018.

Une lecture pour les Matchs de la Rentrée littéraire, organisés chaque année par Rakuten. (#MRL18)

La libraire

14 mardi Août 2018

Posted by mrspepys in Littérature étrangère, Littérature contemporaine

≈ 4 Commentaires

Étiquettes

à la campagne, Découvertes, en librairie, Livres, Thé

Loin d’être une nouveauté, ce roman publié en anglais en 1978 est considéré comme un classique par certains. Pourtant, jusqu’à ce que la jolie édition du Petit Quai Voltaire ne retienne mon attention, il m’était resté inconnu.

Une fois veuve, Florence Green s’est installée dans une petite ville de l’East Anglia, Hardborough. Elle s’ennuie un peu, et décide de transformer The Old House, un bâtiment abandonné, en librairie, mettant ainsi à profit le petit pécule que lui a laissé son mari et une expérience de libraire. Le projet est loin de faire l’unanimité dans une communauté où les traditions et l’immobilisme sont généralement la règle. Si à cette hostilité s’ajoutent quelques erreurs de gestion et de jugement, l’avenir de la librairie peut sembler hasardeux.

Encore un livre sur les livres et les libraires ! C’est en effet le fil rouge de la plupart de mes lectures estivales, comme un besoin de revenir à l’essentiel après une année gentiment chaotique.

Au-delà de la sobre couverture qui a attiré mon attention, se tenait une intrigue où l’audace le dispute au fatalisme. Le personnage de Florence Green se révèle admirable par ses choix assumés : acquérir un bâtiment dans un état peu engageant, défendre son projet en dépit des réticences évidentes de la petite élite locale, défendre sa jeune vendeuse quand elle commet des impairs, oser mettre Lolita bien en vue dans sa vitrine… Mais elle peut aussi agacer par sa naïveté crasse ou ses réactions souvent inadaptées aux difficultés apparues en travers de son chemin. Le lecteur se prend évidemment de sympathie pour cette librairie et sa propriétaire. Mais, à mesure que les embûches se succèdent, il voit la catastrophe arriver, et le dénouement inéluctable se rapprocher.

Le plus intéressant est en somme le tableau d’une petite ville anglaise de la fin des années 1950. Les travers des nantis comme des plus humbles sont soulignés avec délicatesse, autant que les plaisirs de la vie littorale anglaise. Il y a un je-ne-sais-quoi de Barbara Pym dans ce roman, dans le ton et dans le propos. L’auteur ne ménage pas ses personnages. L’intrigue semble un prétexte à dénoncer les pesanteurs d’une époque et d’un mode de vie. C’est là tout le sel de cet ouvrage qui a fait l’objet d’une adaptation au cinéma en 2017 (sortie du film – qui n’a visiblement pas enthousiasmé les critiques – prévue pour décembre 2018 en France).

La libraire (The Bookshop en vo), Penelope Fitzgerald, 1978.

The Diary of a Bookseller

24 mardi Juil 2018

Posted by mrspepys in Biographie - autobiograpie, Témoignage

≈ 4 Commentaires

Étiquettes

à la campagne, Ecosse, librairie, Lire en anglais, Livres

Chez bien des lecteurs il existe une faiblesse coupable pour les livres en relation avec la lecture. Un petit plaisir avouable pour les mises en abyme. Certains de ces ouvrages laissent une trace indélébile, et on y revient régulièrement, par gourmandise. J’ai, par exemple, relu bien (trop) souvent 84, Charing Cross Road depuis le jour où, grâce à un oncle très avisé, cette correspondance est tombée entre mes mains.

Croisé sur le blog de Cuné (incroyable  lieu de tentation), le journal de Shaun Bythell n’a pas mis longtemps à rejoindre ma PAL. Mais comme l’ouvrage est de belle qualité et trop lourd pour les transports en commun, il a fallu attendre les vacances pour s’y plonger.

Plus de dix ans après avoir repris une librairie d’occasion dans le bourg écossais de Wigtown, Shaun Bythell dresse quotidiennement le bilan de ses journées. Les chiffres tiennent une place importante dans son journal, et permettent, sans longs discours, de mesurer les difficultés du métier.  Aux commandes en ligne, plus ou moins aisées à satisfaire, s’associent le nombre de clients et le contenu de la caisse, mais aussi la quantité de livres achetés ou manutentionnés (d’où des douleurs répétées chez l’auteur). Mais bien au-delà de ces mesures, les courts compte-rendus de demandes ou remarques farfelues des clients (toujours enclins à réclamer une remise), autant que les nombreuses bizarreries de Nicky, l’employée de la librairie, rendent cette lecture aussi amusante qu’édifiante. Shaun Bythell n’a pas sa langue dans sa poche, et sait s’y prendre pour moucher l’une comme les autres, mais aussi pour dénoncer les dérives des grands distributeurs d’Internet qui mettent en danger les libraires indépendants, même d’occasion. Avec flegme, il gère aussi, bon an mal an, le Random Book Club, dont chacun des membres reçoit un livre choisi dans le stock de la librairie chaque mois.

Au fil de cette chronique, on découvre aussi les coulisses du festival littéraire qui se tient chaque année à Wigtown. Shaun y tient un rôle essentiel, mais très discret, en offrant aux auteurs invités un havre où se reposer et se repaître loin de la foule, dans son propre salon au-dessus de la boutique. La beauté et la richesse de cette région rurale assez méconnue outre-Manche sont par ailleurs mises en valeur car Shaun Bythell est, à ses heures perdues, vidéaste et réalise de petits documentaires (certains sont visibles sur la page Facebook de la boutique) vantant les mérites de son petit coin d’Écosse.

Bref, difficile, en terminant cette truculente et passionnante lecture, de ne pas se ruer sur le premier site de voyagistes venu pour réserver un séjour en Écosse !

The Diary of a Bookseller (publié en français en avril 2018 sous le titre Le libraire de Wigtown), Shaun Bythell, 2017.

Et pour les curieux, le lien vers la page Facebook de la librairie.

Un coin de tableau belge

17 mardi Avr 2018

Posted by mrspepys in Un coin de tableau

≈ 2 Commentaires

Étiquettes

Arts, à la campagne, Belgique, peinture

Un peu de peinture pour ne pas oublier qu’en avril, c’est le mois belge.

Des billets de lectures belges en préparation…

Le paiement de la dîme (dit aussi L’avocat des paysans), Pieter Brueghel le jeune.

Géographies de la mémoire

26 lundi Fév 2018

Posted by mrspepys in Biographie - autobiograpie

≈ 8 Commentaires

Étiquettes

à la campagne, Famille, Histoire, Livres, Paris, Rome, souvenirs, Voyages

Du grenier de ses grands-parents bretons au quartier du Sentier, Philippe Le Guillou se souvient d’épisodes remarquables de sa vie. A chacun correspond un lieu, et souvent des promenades. Des promeneurs et des lecteurs aussi. On le découvre enfant, dessinant des cartes imaginaires, puis adolescent, arpentant les chemins du Faou, le regard tourné vers l’horizon maritime et ses routes invisibles. En bord de Loire ou à l’église Saint-Eustache, il écoute Julien Gracq et Jean Guillou. Il prend le train, pour Rome ou Maisons-Laffitte. Et les paysages défilent au fil des souvenirs.

Géographies de la mémoire ne saurait se résumer, ni se raconter. Il se lit, un point c’est tout. Il suffit de se laisser porter par le rythme et la joliesse des phrases, par les souvenirs qui déferlent gentiment sur la page, viennent lécher l’imagination du lecteur. Cette belle langue, délicatement maniée, m’avait déjà séduite avec Paris intérieur, mais aussi avec Le pont des anges (sublime, il aurait mérité un billet).

En parcourant ainsi la mémoire de l’auteur, le lecteur qui l’a déjà fréquenté retrouve des lieux et des thèmes qui lui sont chers. Hormis les paysages – bretons, irlandais et romains -, la religion et les arts reçoivent une place de choix. Et derrière tout cela plane une douce nostalgie. Point de passéisme toutefois, mais l’impression qu’à force de multiplier les plans sur la comète s’estompent les vestiges du passé, dans le paysage comme dans les esprits.

C’est en somme une invitation à la promenade, rurale comme urbaine, autant qu’à la déambulation intérieure que propose ici Philippe Le Guillou.

Géographies de la mémoire, Philippe Le Guillou, 2016.

« Je viens d’une race de marcheurs qui n’ont jamais pratiqué cette activité en ville. Avant moi – et je l’ai fait beaucoup aussi – on marchait le long de la rivière du Faou ou dans les allées ombragées de la forêt du Cranou, on descendait des hauteurs de Rosnoën jusqu’aux grèves de l’Aulne, mes grands-parents ne connaissaient que l’air pur des bois, des prairies et des paluds. Je crois même que l’idée de marcher en ville leur était étrangère. Ce que j’appelle marcher : déambuler, aller sans contrainte pour le plaisir de pas qui n’ont d’autre logique que leur liberté. Et pourtant la géographie urbaine ne se laisse vraiment saisir que sur ce mode. »

Comme l’auteur est sans doute celui qui sait le mieux parler de son oeuvre, le voici présentant ses Géographies de la mémoire.

Un été à quatre mains

08 dimanche Oct 2017

Posted by mrspepys in Littérature contemporaine, Littérature française

≈ 5 Commentaires

Étiquettes

à la campagne, Histoire, Musique

Mon admiration pour le travail de Gaëlle Josse n’est plus un secret pour ceux et celles qui s’aventurent ici régulièrement. Impossible donc de passer à côté du moindre de ses romans.

L’été est celui de 1824, et les quatre mains celles de Franz Schubert et de sa jeune élève, Caroline Esterhazy. Affaibli par une maladie honteuse et comme gêné aux entournures par l’absence de revenus, Schubert se résout à quitter Vienne pour jouer, pendant quelques semaines, le maître de musique dans la résidence d’été de la famille Esterhazy. Si l’atmosphère un peu guindée de la gentilhommière hongroise et la compagnie de jeunes gens qui ne l’estiment guère satisfont peu le musicien, il apprécie les heures passées au piano avec la cadette de la famille, aussi réservée que talentueuse. Les mots échangés sont rares et banals, mais des mains qui se frôlent sur le clavier valent parfois un long discours.

Gaëlle Josse s’inspire d’un épisode réel de la vie de Franz Schubert, et, comme à son habitude, elle l’enjolive avec délicatesse. Elle comble les manques, sans trop en faire, pour laisser au lecteur une part d’imagination. Elle rend joliment compte d’un univers artistique, avec autant de finesse que dans Nos vies désaccordées, où la musique avait déjà sa place, ou bien L’ombre de nos nuits, où elle rend hommage à un peintre. Le texte est court, ciselé. Et une fois encore, je suis séduite par ce petit bijou, qui donne (est-ce étonnant ?) envie d’écouter Schubert en boucle pendant des jours.

Un été à quatre mains, Gaëlle Josse, 2017.

Agatha Christie, le chapitre disparu

01 dimanche Oct 2017

Posted by mrspepys in Littérature étrangère, Littérature contemporaine

≈ 6 Commentaires

Étiquettes

agatha christie, à la campagne

Après un long mois de silence, où l’envie de bloguer s’est perdue dans le tourbillon de la rentrée, voici un billet sur un roman qui me faisait de l’oeil depuis un moment. Croisé chez les camarades blogueuses comme dans la presse, cette fiction qui propose de combler un manque plus que célèbre dans la biographie d’Agatha Christie avait, sur le papier, tout pour me plaire.

En décembre 1926, Agatha Christie fait la une des journaux, non pour la publication d’un roman à succès, mais dans la rubrique des faits divers. La « reine du crime » a disparu. Sa voiture et quelques effets personnels ont été retrouvés au bord d’un étang, mais aucune trace de la jeune femme. Dix jours plus tard, elle refait surface dans une petite ville thermale du Nord, Harrogate.

Bien des théories ont été échafaudées pour comprendre ce qui était arrivé à Mrs Christie. Brigitte Kernel propose une réponse à la première personne. Agatha herself, alors qu’elle vient de terminer la rédaction de son autobiographie, dévoile les secrets de sa disparition. Si on veut résumer succinctement, il s’agit tout bonnement d’une affaire de dépit amoureux, compliquée par le chagrin lié à la perte de sa mère.

L’Agatha qui nous est proposée n’apparaît pas très futée. C’est une de ses amies qui scénarise la disparition et règle bien des détails matériels. Et quand elle est livrée à elle-même à Harrogate, celle qui se fait appeler Mrs Neele semble souvent avoir les deux pieds dans le même sabot. L’hypothèse n’est pas inintéressante, mais pour tout lecteur un peu averti, elle reste bancale. L’an passé, je me suis délectée de La romancière et l’archéologue, où Agatha Christie se révèle aussi drôle que dégourdie au fin fond de la Mésopotamie. Difficile donc de l’imaginer aussi empotée quelques années auparavant. L’auteur s’est vraisemblablement beaucoup documentée, notamment au sujet du roman paru sous pseudonyme, Loin de vous ce printemps. Il n’est pas impossible qu’un jour où j’aurais un peu de temps à perdre je n’aille vérifier les coïncidences entre le roman de Mary Westmacott et l’intrigue du chapitre disparu. En attendant, je m’en tiendrai très certainement aux romans et nouvelles de Mrs Christie, et, sans doute à d’autres romans de Brigitte Kernel dont j’ai apprécié le style (malgré une grammaire parfois malmenée…).

Agatha Christie, le chapitre disparu, Brigitte Kernel, 2016.

← Articles Précédents

En cours

Articles récents

  • Les espionnes racontent
  • A la table des enquêteurs chinois
  • Brillant comme une larme
  • Avenue des géants
  • De regrettables incidents

Catégories

  • albums
  • Bande dessinée
  • Biographie – autobiograpie
  • Challenges et Défis
  • Classiques
  • En scène
  • Essais
  • Exposition
  • Films
  • Inclassable
  • Littérature contemporaine
    • Littérature étrangère
    • Littérature française
  • Littérature jeunesse
  • Poésie
  • Policier et thriller
  • Récits de voyages
  • Témoignage
  • Théâtre
  • Un coin de tableau

instagram

mrs_pepys

12 d'Ys Afrique albums Arts Austen Belgique biographie Blondel bof Bruges Caravage Chine cinéma Coe cuisine déception Découvertes ELLE en bref en France espionnage Famille femmes gastronomie Histoire impressionnisme Inde Isabel Dalhousie Italie Japon jardins Lecture commune librairie Lire en anglais littérature Littérature nordique Livres Livres numériques Livres prêtés Livre sur la Place Londres Maigret Manga Mois anglais Mois belge Musique Musée Nicolas Le Floch Noël Oscar Wilde Paris Paul Auster peinture Polar nordique poésie Premier roman Proust Rome Russie Salon du Livre Sherlock Holmes Simenon so british souvenirs SSHD swap Tag Thé théâtre Venise Vermeer Versailles Voyages à la campagne à table

Me contacter

lesalondemrspepys@yahoo.com

Suivez mrs pepys

Follow @mrs_pepys

Le salon de mrs pepys

RSS Feed RSS - Articles

RSS Feed RSS - Commentaires

Créez un site Web ou un blog gratuitement sur WordPress.com.

Confidentialité & Cookies : Ce site utilise des cookies. En continuant à utiliser ce site, vous acceptez leur utilisation.
Pour en savoir davantage, y compris comment contrôler les cookies, voir : Politique relative aux cookies
  • Suivre Abonné∙e
    • Le salon de mrs pepys
    • Rejoignez 165 autres abonnés
    • Vous disposez déjà dʼun compte WordPress ? Connectez-vous maintenant.
    • Le salon de mrs pepys
    • Personnaliser
    • Suivre Abonné∙e
    • S’inscrire
    • Connexion
    • Signaler ce contenu
    • Voir le site dans le Lecteur
    • Gérer les abonnements
    • Réduire cette barre
 

Chargement des commentaires…