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Le salon de mrs pepys

~ carnet de lecture

Le salon de mrs pepys

Archives de Catégorie: Littérature jeunesse

Le groupe

21 samedi Oct 2017

Posted by mrspepys in Littérature jeunesse

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écrire, Blondel

Voici un petit moment que la littérature jeunesse n’a pas été mise à l’honneur par ici. Une conjonction favorable m’a placé entre les mains le dernier roman du genre écrit par Jean-Philippe Blondel (que, c’est loin d’être un secret, j’apprécie grandement).

A l’initiative de la professeure de philosophie, une dizaine de lycéens choisit de se réunir chaque semaine pour un atelier d’écriture. Le maître de cérémonie, qui se plie aussi aux exercices hebdomadaires, est également professeur, et écrivain. De janvier à juin, tous écrivent. Et ils apprennent à se connaître.

Le récit se fait à plusieurs voix. Les lycéens comme les enseignants racontent leur expérience de l’atelier. Entre ces commentaires s’intercalent leurs textes. Les petits bonheurs et les blessures adolescentes s’égrainent au fil des pages, mêlés à des réflexions sur le sens de la vie. Le point de vue des adultes désacralise l’image du professeur, en fait un individu comme les autres. Il n’y a là rien de bien étonnant dans un ouvrage destiné aux adolescents, qui pourront s’identifier à l’un ou l’autre des personnages, ou prendre conscience de la place que prennent les apparences dans un lycée. Mais tout est dit avec délicatesse et pudeur, dans une belle langue, ce qui n’est pas toujours le cas en littérature jeunesse.

Jean-Philippe Blondel, comme souvent, s’est appuyé sur son expérience personnelle pour nourrir ce roman. Et, une fois encore, il n’est pas évident de démêler la réalité de la fiction, tant l’auteur maîtrise l’art de la mise en abyme.

Le groupe, Jean-Philippe Blondel, 2017.

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Harry Potter and the Cursed Child

02 mardi Août 2016

Posted by mrspepys in Littérature jeunesse, Théâtre

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Lire en anglais, Londres, souvenirs, Voyages

HP_cursed_child_theatreLors d’un récent séjour à Londres, j’ai découvert, tout à fait par hasard, que J.K. Rowling avait trouvé le moyen de contourner sa promesse de ne pas écrire de nouveau roman pour la série Harry Potter. Le décor du Palace Theater ne laissait aucun doute possible, et la file de spectateurs admis aux répétitions en public non plus. Toutes les places pour ces répétitions ayant été vendues depuis fort longtemps, c’est le musical inspiré de Charlie et la chocolaterie qui s’est imposé pour cette soirée londonienne (mais c’est là une autre histoire). A défaut de pouvoir assister aux spectacles (parce que la pièce est en deux parties, à 45 Livres la séance…), j’ai noté la publication à venir du texte. Et dimanche, en passant devant la librairie Shakespeare and Company, il n’y a pas eu beaucoup d’hésitations.

couvcursedchildQue dire de cette nouvelle histoire, sans trop en dévoiler ? Préciser que l’intrigue se tient dix-neuf ans après le dernier roman ? C’est écrit sur la couverture. Indiquer que l’histoire met en scène un des fils d’Harry Potter, les médias se sont fait une joie de l’annoncer. Disons donc qu’il est question de voyages dans le temps, dont le but est de corriger une injustice, mais que ces allers-retours vont causer une jolie pagaille. Les enfants, particulièrement Albus Potter et son meilleur ami (dont on taira le nom pour le moment), sont très présents, mais leurs parents respectifs tiennent une place centrale. Et au bout du compte, même s’il est sympathique de retrouver des personnages auxquels on s’est attaché avec le temps, rien de véritablement exceptionnel ne sort de cette suite. J.K. Rowling reprend les ingrédients qui ont fait le succès de sa série, les assaisonne à coups de bonds dans le passé, et voilà ! La cicatrice d’Harry le fait à nouveau souffrir. Il se remet à parler fourchelangue. On fait un petit tour par l’infirmerie de Poudlard, mais on joue à peine au Quidditch.

HP_cursed_chid_intJ’apprécie la série des romans Harry Potter (même si les derniers sont plus faibles, moins riches sur le plan de l’imagination et parfois un tantinet incohérents avec ceux des débuts…), et j’ai pris plaisir à me glisser à nouveau dans son univers. Toutefois cette nouvelle histoire, il faut bien le reconnaître, n’apporte finalement pas grand chose de plus. Ce sont une fois encore les mêmes thèmes, les mêmes craintes et les mêmes manières de résoudre les problèmes. Il y a là un petit goût de réchauffé et, derrière, l’impression que l’auteur a tout dit sur les personnages et le monde qu’elle a inventés. Aux plus cyniques, cette pièce en deux parties peut donner le sentiment qu’on cherche à exploiter l’engouement de fans insatiables.

Harry Potter and the Cursed Child, J.K. Rowling, John Tiffany et Jack Thorne, 2016.

Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre

08 jeudi Mai 2014

Posted by mrspepys in Littérature jeunesse

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Histoire, Livres prêtés, Premier roman

couvcequilsnontpaspuAvec Souviens-toi, j’ai découvert la collection Scripto de Gallimard. Ma chère Christine m’a gentiment proposé de poursuivre l’exploration de son catalogue en me prêtant Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre.

En juin 1941, Lina a quinze ans. Elle se passionne pour le dessin, s’agace de voir son pays, la Lituanie, se plier à l’autorité de Staline et ne craint pas de donner son avis. Sa vie bascule lorsque le NKVD vient arrêter sa famille en pleine nuit. Elle est déportée en Sibérie avec sa mère et son frère, tandis que son père est envoyé vers un autre camp du Goulag. Le voyage en train, puis l’apprentissage de la vie en captivité dans un kolkhoze, et enfin la douloureuse expérience d’un transfert vers un camp au-delà du cercle polaire forment les étapes du récit de Lina. Elle décrit les conditions de vie difficiles, inhumaines même à certains moments, et les relations compliquées entre les déportés eux-mêmes comme avec les soldats qui les encadrent.

Le ton, le choix de l’héroïne, le style font de ce roman une oeuvre destinée à la jeunesse. Pourtant un lecteur adulte peut trouver autant d’intérêt que de plaisir à cette lecture. Ruta Sepetys s’est efforcée de documenter avec précision son travail. Fille d’un réfugié lituanien, elle s’est non seulement appuyée sur le témoignage de son père, mais s’est aussi rendue en Lituanie pour recueillir des témoignages. L’histoire de Lina, si elle est le fruit de l’imagination de l’auteur, est nourrie de faits et d’anecdotes réels. La plongée dans l’univers du Goulag est rendue avec beaucoup de vraisemblance. On ne peut s’empêcher de penser à Une journée d’Ivan Denissovitch, sans oublier les travaux menés par des historiens comme Nicolas Werth (L’île aux cannibales, notamment). Au-delà de l’évocation historique, Ruta Sepetys réussit à captiver l’attention de son lecteur en créant une histoire où se mêlent secrets de famille, préoccupations adolescentes et une ébauche d’histoire d’amour. Les personnages secondaires, bien que nombreux, sont caractérisés avec soin. On évite le piège du manichéisme : les méchants ne sont pas si noirs qu’ils peuvent paraître, et les déportés ne sont pas tous gentils. Le dénouement est cependant un peu abrupt, et l’épilogue peut laisser le lecteur sur sa faim.

Une lecture à conseiller aux adolescents, mais aussi aux adultes curieux de comprendre ce que fut le Goulag.

Merci, Christine !

Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre, Ruta Sepetys, 2011.

Souviens-toi

10 lundi Fév 2014

Posted by mrspepys in Littérature jeunesse

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Famille, Histoire, Italie, Livres prêtés

couvsouvienstoiLors du dernier Salon du Livre pour la jeunesse de Montreuil, j’ai découvert une collection des éditions Gallimard qui propose des romans aux thèmes plus variés que les sempiternels magiciens / sorciers / vampires et consorts. Une de mes collègues a craqué pour Souviens-toi, qu’elle m’a gentiment prêté.

Joséphine se souvient de sa soeur jumelle, Juliette. Un demi-siècle après sa mort, le manque est toujours aussi profond. Pour faire la lumière sur cette disparition, elle se décide à faire face à son assassin présumé, Armand, le petit ami de Juliette.

Mêlant souvenirs des vivants, journal de Juliette, passé et présent, c’est un récit complexe pour de jeunes lecteurs qui est proposé. Chacun des protagonistes ne connaît que certains pans de la vie de Juliette. Le secret de sa famille notamment, si lourd à porter, est une clé de sa disparition. Pour s’y frotter, Joséphine trouve dans sa voisine, qu’elle s’était pourtant jurée de garder à distance, une alliée de premier ordre.

Les thèmes abordés dans ce roman ne sont pas aisés à présenter à de jeunes lecteurs. Ils sont cependant traités ici avec une grande délicatesse, et agrémentés de quelques parenthèses plus légères, parfois drôles. Les relations humaines, au sein de la famille comme avec voisins ou amis, sont au coeur de l’intrigue. L’auteur montre combien il est difficile de comprendre les autres, de les aider au bon moment. Elle sait aussi rendre avec vraisemblance l’atmosphère d’après-guerre, quand l’heure est venue de faire les comptes.

Merci, Mélanie !

Souviens-toi, Elisabeth Combres, 2013.

En bref

24 samedi Août 2013

Posted by mrspepys in Littérature jeunesse

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en bref, Lire en anglais, Livres prêtés

tumblr_m63jy4MkfU1qzhokmo1_250Cette trilogie a été encensée par les ados auxquels elle était destinée, comme par les adultes. Elle fait l’objet, comme on pouvait s’y attendre, d’une adaptation cinématographique. Mélanie me l’a prêtée en VO. Je n’avais donc aucune excuse pour retarder l’expérience Hunger Games.

Je craignais d’être tellement prise par ces romans qu’il me faudrait les engloutir à la file, en quasi apnée. Les congés d’été semblaient plus que propices à ce genre de lecture. C’était se montrer très optimiste… Car plusieurs semaines ont finalement été nécessaires pour venir à bout de l’ensemble, lu par étapes. Pas moyen de m’enthousiasmer pour les aventures de ces adolescents un peu crispants. L’héroïne et ses hésitations perpétuelles m’ont particulièrement agacée.

L’envie de rédiger un billet sur ces romans fait défaut. Un petit bref suffira pour faire état de cette déconfiture.

L’affaire Lady Alistair (Les enquêtes d’Enola Holmes #2)

10 lundi Juin 2013

Posted by mrspepys in Littérature jeunesse

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Londres, Sherlock Holmes, SSHD

couvenola_2Une fois encore le défi du mois anglais est l’occasion d’extirper de la PAL un roman délaissé à tort.

Dans cette deuxième aventure d’Enola Holmes, petite soeur du grand détective connu de tous, l’intrigue est concentrée sur la disparition mystérieuse d’une jeune fille de bonne famille. Menant elle-même une vie clandestine, Enola se fait fort de faire la lumière sur cette affaire. Elle emprunte pour ce faire plusieurs identités, qui lui permettent d’enquêter sans s’exposer au risque de perdre sa liberté – ses deux frères n’ayant pas renoncé à lui imposer la vie qu’ils estiment correspondre à son rang. Elle se fait passer tantôt pour Mrs Ragostin, épouse dévouée d’un « spécialiste en recherches » inventé de toutes pièces en guise de couverture, tantôt pour sa secrétaire, la très voyante Miss Meshle. Elle s’est encore créé un personnage de religieuse muette, si pratique pour vagabonder de nuit dans les rues de Londres. Ainsi parée, Enola se met sur la piste de lady Alistair, et découvre les coulisses de la contestation prolétarienne.

Ce deuxième roman de la série est assez habilement construit. Il mêle les références holmésiennes à un tableau du Londres de la fin des années 1880 (en particulier la question sociale, comme on l’appelait alors). Il ne faut pas s’attendre à une enquête complexe ou à une grande érudition, car il s’agit d’un ouvrage destiné à la jeunesse. Certains aspects pourraient ainsi paraître un peu redondants ou trop explicites, mais la lecture reste néanmoins plaisante. Le personnage d’Enola est sympathique, quoiqu’un tantinet invraisemblable par moments. Sa relation avec Sherlock se complique dans ce deuxième volet, et laisse le lecteur sur sa faim, curieux d’en apprendre davantage dans la prochaine aventure.

Ne soyons donc pas trop tatillons et ne boudons pas notre plaisir. Espérons aussi que Nancy Springer puisse susciter, avec cette série, l’envie de découvrir l’oeuvre de Conan Doyle.

L’Affaire Lady Alistair (Les enquêtes d’Enola Holmes – 2), Nancy Springer, 2007

keep-calm-and-read

Nox _ Ici-bas (1)

12 vendredi Avr 2013

Posted by mrspepys in Littérature jeunesse

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nox2Dans la ville basse, aucune lumière naturelle ne parvient à percer l’épais brouillard baptisé la « nox ». Les hommes qui vivent là ont développé mille et une astuces pour s’éclairer ou se déplacer. Ils pédalent, s’équipent de chenillettes permettant d’accumuler de l’électricité, se guident grâce à leur odorat ou au gré de cordes déroulées au long des rues. A dix-sept ans, Lucen maîtrise parfaitement les arcanes de ce monde qui est le sien. Il en connaît les règles, mais les accepte parfois difficilement. Sur le seuil de l’âge adulte, il voit ses amis de toujours faire leurs choix, s’engager, dans une société qui n’apprécie guère la neutralité et l’indécision. Lui-même se cabre face aux attentes de ses parents, leur tient tête quand il s’agit de mariage, se hasarde à des amitiés interdites et à de périlleux séjours dans la ville haute, où le soleil se lève chaque matin.

Entrer dans un roman d’Yves Grevet, c’est comme s’embarquer pour un voyage de découvertes. Les mondes qu’il imagine sont d’une extraordinaire richesse. Les détails du quotidien, ceux qui rendent un univers vraisemblable, foisonnent. Ils donnent de l’épaisseur au récit, toujours admirablement construit. Le lecteur avance pas à pas dans l’intrigue, se délecte chemin faisant des descriptions qui bâtissent le décor. Les personnages, quoiqu’adolescents pour la plupart, ont des personnalités complexes, loin des stéréotypes un peu niais qui peuplent nombre d’oeuvres pour la jeunesse. Chacun porte son lot de malheurs, nuancé par une lucidité optimiste et une étonnante volonté. Lucen et ses amis dans l’ombre, comme Ludmilla et ses camarades dans la lumière, sont ceux qui racontent l’histoire. Les points de vue se croisent, et parfois se superposent. Plusieurs moments clés sont en effet présentés par différents personnages successivement. La tension monte tout au long de ce premier tome, et on abandonne Lucen dans une situation fort précaire à la dernière page.

Pour le plus grand plaisir des lecteurs assidus d’Yves Grevet, le second tome a  paru voici une semaine. Et compte tenu de la morosité qui s’est récemment emparée de l’hôte de ce salon, un petit tour en librairie était une nécessité absolue. Nox – Ailleurs (2) a rejoint ma PAL, mais ne devrait y faire qu’un court séjour, ma curiosité et mon intérêt pour le travail d’Yves Grevet ayant été accrus par sa visite dans l’établissement où je sévis. Grâce aux bons offices de ma très chère Gwenn, les élèves ont pu poser toutes leurs questions à un auteur aussi patient que passionnant à écouter. Et les professeurs de savourer ce moment d’exception…

Nox – Ici-bas (1), Yves Grevet, 2012.

Et n’oubliez pas d’aller jeter un oeil au fabuleux Meto ou à L’école est finie…

Le chemin de fumée

10 jeudi Jan 2013

Posted by mrspepys in Littérature jeunesse

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Histoire

couvchemindefumeeLa guerre s’achève et les portes des camps de concentration s’ouvrent. Malgré son jeune âge, Shaïné n’est plus tout à fait une enfant. Elle a vu et vécu des atrocités, a perdu ceux qui lui étaient chers et elle s’apprête à donner la vie. Pour l’aider à trouver sa place dans un monde en reconstruction, elle est accueillie, avec d’autres enfants rescapés des horreurs de la Shoah, dans un havre qui leur est réservé. Faire son deuil, devenir mère, aider les autres à accepter le présent, tels sont les humbles desseins.

Ce court roman (une centaine de pages) pour les jeunes lecteurs dit, avec une grande retenue, les monstruosités commises pendant la Seconde Guerre mondiale, et aborde la question de l’avenir des enfants qui ont survécu. La candeur et la fraîcheur du personnage principal, Shaïné, permettent d’évoquer clairement des faits indicibles sans apeurer les adolescents. Les cauchemars, la solitude, le chagrin et parfois la culpabilité de ces enfants contraints de grandir avec la pesanteur des souvenirs sont énoncés avec une poésie qui leur confère un peu de légèreté. Les espoirs et la solidarité, l’amour et les projets tiennent aussi une place importante dans ce récit, qui fait la part belle à l’optimisme. Chaque page suscite un sentiment différent. On fronce les sourcils d’horreur à certains passages, puis on se prend à sourire en découvrant les réactions de l’héroïne. Difficile de rester insensible en parcourant ce chemin de fumée.

L’auteur livre ici un roman pour la jeunesse, mais l’originalité de son style comme son propos ne peuvent manquer de séduire aussi les lecteurs adultes.

Merci à Gwenn de m’avoir mis cette délicieuse pépite entre les mains, et à Sandrine, sa « découvreuse ».

Le chemin de fumée, Rachel Hausfater-Douïeb, 1998.

Ceux qui sauront

30 vendredi Nov 2012

Posted by mrspepys in Littérature jeunesse

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couvceuxquisaurontDans une France où la IIIe République n’a pas survécu à l’assaut des monarchistes, le savoir et les technologies modernes sont confisqués par les nantis. Comme la dynastie des Orléans, rétablie sur le trône de France en 1882, la plupart des Etats du monde sont soumis à un pouvoir aussi autoritaire qu’arbitraire. Loin des fastes de la cour de Versailles, capitale du roi Jean IV, les plus pauvres, surnommés cous noirs, n’ont pour seul horizon qu’une misère grandissante. Certains se résignent, mais d’autres, comme Jean, choisissent de braver l’interdit et apprennent à lire, à écrire, et à penser par eux-mêmes. Chez les privilégiés aussi d’aucuns ruent dans les brancards, refusant l’avenir qui leur est imposé. La jeune Clara ne parvient pas à se résoudre au mariage arrangé qui l’attend. Le hasard, ou le destin, fait se rencontrer ces deux adolescents que tout semble opposer. Leurs idéaux, leurs espoirs d’une société plus juste se répondent. Qu’il leur est difficile pourtant de faire chemin ensemble dans un monde où tout est fait pour les séparer.

Imaginer une autre Histoire, où le XIXe siècle aurait fait basculer la France et le monde dans l’obscurantisme plutôt que dans la modernité, voilà qui faisait un programme alléchant. Faire du savoir un instrument de pouvoir, et de l’instruction un espoir, une voie d’émancipation, là est le nœud du petit monde bâti par Pierre Bordage. Quant à choisir des adolescents pour héros, rien de plus normal dans un ouvrage destiné à la jeunesse. Un grand espoir reposait dans cette lecture. Si le premier tiers du roman est prometteur, grâce à la découverte du contexte, à la peinture de l’époque comme de la société, très vite les péripéties et les rebondissements s’accumulent avec une trop grande invraisemblance pour un lecteur adulte. Les deux héros échappent, ensemble ou chacun de leur côté, à maintes chausse-trappes, pour mieux tomber de Charybde en Scylla. Ils font des rencontres aussi boulversifiantes qu’inattendues. Ils se perdent et se retrouvent dans des conditions un tantinet tirées par les cheveux. Les personnages secondaires meurent à tour de bras dès lors qu’ils deviennent dispensables. La déception gagne à mesure que se tournent les pages. D’abord emballée, prête à me jeter tête la première dans la trilogie, j’ai revu à la baisse mes impressions. Et, à moins qu’un hasard digne de ceux qui pavent ce roman ne mette entre mes mains les volumes suivants, il n’est pas certain que je m’intéresse plus avant aux aventures de Jean et Clara. Il se peut toutefois que les invraisemblances et raccourcis de l’intrigue ne gênent pas un jeune public, qui s’identifiera aux héros.

Sur la préciosité du savoir et de l’accès aux connaissances, L’école est finie a autrement su me plaire.

Ceux qui sauront, Pierre Bordage, 2008.

L’école est finie

19 vendredi Oct 2012

Posted by mrspepys in Littérature jeunesse

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En 2028, l’école n’est plus gratuite en France. Les enfants des familles modestes en sont réduits à s’inscrire dans des écoles financées par les entreprises. En échange de l’éducation qu’ils reçoivent, les enfants doivent travailler pour l’entreprise avec laquelle ils ont signé un contrat à l’entrée au CP. Ils se retrouvent à servir dans un fast-food ou à apprendre à lire dans un catalogue de jardinerie. Mais pour ceux qui l’osent, comme Lila, la meilleure amie du narrateur, il existe les écoles du maquis.

Yves Grevet propose aux jeunes lecteurs un excellent petit roman, aussi court qu’efficace. En quelques dizaines de pages, ce tableau d’un futur assez proche, où la crise économique a laissé des traces indélébiles, est saisissant. Il fait bondir le lecteur adulte, et ne peut manquer d’éveiller la curiosité et l’attention des plus jeunes. La valeur de l’école gratuite telle que nous la connaissons en France est rappelée avec simplicité. Les notions d’engagement et d’esprit critique sont abordées clairement, quoique subtilement.

Un magnifique petit ouvrage à mettre entre toutes les mains.

L’école est finie, Yves Grevet, 2012.

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