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Aussitôt repéré chez keisha, aussitôt réservé grâce au réseau des médiathèques du département, ce roman n’a pas fait long feu dans la pile des emprunts. Il faut dire qu’on se laisse facilement emporter par les aventures de ces deux potes.
Elling et Kjell Bjarne viennent de s’installer ensemble dans un appartement mis à leur disposition par les services sociaux d’Oslo. Pour eux, c’est le début d’une nouvelle vie. Compagnons de chambre contraints dans un « centre de cure et de convalescence », ils ont fini, à force de conversations nocturnes, par devenir amis. Sous le contrôle de leur tuteur, Franck, ils essaient de trouver leurs marques dans leur nouveau quotidien. Une succession de petits défis (sortir faire les courses à la supérette, répondre au téléphone, adopter des chatons…) et de drôles de hasards (butter sur une voisine ivre morte dans l’escalier de l’immeuble, rencontrer, dans deux cafés différents, le même Alfons, claqueur de doigts compulsif…) permet aux deux hommes de bricoler un équilibre fragile, qui ressemblerait presque à une vie normale.
Les deux personnages principaux, bien que « potes pour la vie », sont si différents qu’on se demande comment ils peuvent s’entendre. Même Elling, par la voix duquel est fait le récit, se pose la question. Kjell Bjarne est une force de la nature, bien plus passionné par la nourriture et les femmes que par son hygiène personnelle. Elling est très à cheval sur les convenances, qu’il s’agisse de la manière de parler ou d’envisager les évolutions de la société. Il s’emporte facilement et se laisse rarement contredire. L’un et l’autre se surveillent, se réprimandent quand c’est nécessaire, pour réussir à trouver leur place dans un monde qui les effraie. Ils sont parfois très drôles et leurs bizarreries ne manquent pas de faire sourire le lecteur. Mais lorsque la situation semble leur échapper, leur fragilité devient touchante. C’est au final une très belle histoire d’amitié, qu’on aurait aimé voir se poursuivre encore un peu.
Potes pour la vie, Ingvar Ambjornsen, 1996.