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Le salon de mrs pepys

~ carnet de lecture

Le salon de mrs pepys

Archives de Tag: biographie

Avenue des géants

06 mercredi Mai 2020

Posted by mrspepys in Littérature contemporaine, Littérature française, Policier et thriller

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aux Etats-Unis, biographie, Famille, serial killer

Son premier meurtre passe inaperçu. On n’a pas idée, aussi, de choisir le jour où le Président Kennedy est assassiné. Pourtant, Al Brenner est un adolescent intelligent : on lui a dit qu’il avait un QI supérieur à celui d’Einstein. Cela ne lui épargne pas un séjour dans un institut psychiatrique, dont il ressort libre, et rapidement blanchi. Il rêve d’avenir, de construire une carrière. Mais c’était sans compter sur un accident de moto, qui le renvoie dans les jupes de sa mère, et à ses activités peu recommandables.

Écrire le récit  à la première personne est un choix surprenant, mais pertinent. Il rend le personnage d’Al Brenner plus touchant, presque sympathique par moment, au point qu’on est parfois à deux doigts de le plaindre. C’est d’autant plus étonnant que l’histoire racontée par Marc Dugain s’inspire très largement de celle d’Edmund Kemper, un véritable tueur en série américain. Le dilemme constant qui déchire le personnage principal, son manque d’empathie souvent, son franc parler, et sa candeur à certaines occasions le rendent humain. Il est impossible d’oublier les crimes commis. Cependant le point de vue proposé au lecteur oblige à éviter de juger, à chercher à comprendre l’impensable.

Un thriller, qui tient ses promesses.

Avenue des géants, Marc Dugain, 2012.

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Edmonde

25 lundi Fév 2019

Posted by mrspepys in Biographie - autobiograpie, Littérature contemporaine, Littérature française

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biographie, Famille, Histoire, Italie, souvenirs

Un personnage atypique et une époque (l’entre-deux-guerres et la Seconde Guerre mondiale) qui fait toujours recette : cet hommage à la jeunesse d’Edmonde Charles-Roux a tout d’un portrait classique, destiné à plaire. Entre recherches documentaires et ajouts fictionnels pour remplir les blancs de l’histoire, cet Edmonde est une manière de reconstitution historique, où les faits sont scellés élégamment d’un ciment littéraire de qualité.

Si le propos n’est pas en soi d’une grande originalité, l’ouvrage a le mérite de se lire avec plaisir. Le style est élégant, parsemé de pointes d’humour. L’admiration de l’auteur pour son personnage est palpable. Derrière l’écrivain se tient une femme sensible et sensée, qui ne s’appesantit pas sur ses états d’âme. Les émotions tiennent néanmoins une place importante dans ce récit, mais sans jamais basculer dans le sentimentalisme ou le pathos. Le deuil d’Edmonde Charles-Roux, à qui son amour de jeunesse est enlevé brutalement, est mis en scène avec retenue et dignité. Dans son combat pour venir en aide à sa sœur autant que dans ses emportements contre un supérieur irritant se lisent une volonté sans faille et un attachement à des valeurs inculquées par une famille républicaine convaincue.

Entre les extraits de lettres empruntées à la correspondance d’Edmonde Charles-Roux et le récit, point de solution de continuité. Un portrait réussi, en somme.

Edmonde, Dominique de Saint-Pern, 2019.

Une vie entière

04 lundi Avr 2016

Posted by mrspepys in Littérature étrangère, Littérature contemporaine

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biographie, ELLE, Famille, un peu de nature

couvunevieentiereLa vie entière qui occupe ce roman est celle d’Andreas Egger. Il arrive un peu par hasard dans une vallée alpine à l’âge de quatre ans, lorsqu’il est recueilli par une sorte d’oncle éloigné, une brute dont les coups finissent par le rendre boiteux. Andreas se plaît néanmoins dans cette vallée, où il prend son indépendance, à coup de petits travaux, puis grâce aux travaux d’installation et d’entretien des téléphériques. Entre ces montagnes, il connaît des moments heureux (une belle histoire avec Marie, qui devient sa femme), mais aussi beaucoup de coups durs et une fin bien solitaire.

La vie entière d’Andreas Egger n’est pas des plus palpitantes, ni des plus riches non plus. Il est un homme ordinaire, qui subit plus sa vie qu’il ne la choisit. Il est comme hors du temps, même si certains événements historiques (la Seconde Guerre mondiale) ou les évolutions de la société viennent bousculer le précaire équilibre de son quotidien. Le personnage est touchant, mais il lui manque un petit quelque chose pour captiver le lecteur. Sa passivité, mâtinée de naïveté, est parfois agaçante. On attend qu’un événement se produise pour donner, en cours de roman, un véritable élan à une intrigue qui ronronne. En vain. Le ton contemplatif, un peu trop lisse à mon goût, contribue à ancrer le récit dans une forme de monotonie. Et quand survient le dénouement, on reste un peu sur sa faim.

Une vie entière, Robert Seethaler, 2014.

Gertrude Bell

27 dimanche Mar 2016

Posted by mrspepys in Essais

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Arts, biographie, Histoire, Voyages

couvgertrudebellLes biographies de femmes se suivent, mais ne se ressemblent pas dans la sélection du Grand Prix ELLE des lectrices. Il faut bien dire que Gertrude Bell, née en 1868, dans une famille de la grande bourgeoisie industrielle, a vécu pour elle, et non dans l’ombre des hommes qui, pourtant, dominaient largement la société victorienne.

Dès l’enfance, son caractère bien trempé lui permet d’oser bien plus que d’autres filles de son âge. Elle n’est cependant ni un garçon manqué ni une sauvageonne. Assimilant les règles de bienséance que lui inculque sa belle-mère, elle maîtrise l’art de se briller en société. Inscrite parmi les premières à l’université, dont elle sort diplômée en histoire (malgré les professeurs qui exigent que les demoiselles suivent leurs cours en leur tournant le dos…), elle sait aussi tenir salon dans une  chambre d’étudiante décorée avec soin.

Sa culture et son intérêt non dissimulé pour la politique ne font toutefois pas de Gertrude Bell une candidate idéale pour le mariage. Et les rares hommes capables d’apprécier à leur juste valeur ses qualités ne conviennent pas à sa famille ou sont déjà engagés par ailleurs. La jeune femme s’investit donc tout entière dans les voyages, notamment au Moyen Orient, qu’elle parcourt accompagnée uniquement d’une équipe d’hommes qu’elle choisit pour leur sagacité, et d’une gouvernante. Elle explore le désert, se fait un temps archéologue. Quelle que soit la rudesse des lieux, Gertrude Belle met un point d’honneur à rester féminine et à la mode, mais également à conserver un confort minimum. Cette femme aussi intelligente qu’excentrique gagne rapidement le surnom de Khatun, la reine du désert. Et quand survient la Grande Guerre, sa connaissance précise d’une région clé dans la lutte contre l’empire ottoman en fait un agent secret, dont Lawrence d’Arabie reconnaît la valeur et l’importance.

Avec cette biographie très documentée, Christel Mouchard propose un document de qualité. La personnalité de Gertrude Bell est cernée grâce à son abondante correspondance, et le contexte historique est présenté avec soin. On en apprend autant sur Gertrude Bell que sur le Moyen Orient du début du XXe siècle. Le ton est sobre, évitant que le personnage soit caricaturé. Difficile de ne pas être séduit par Gertrude Bell, et ce même si ses faiblesses et ses erreurs ne sont pas occultées. Ce fut une femme d’une incroyable modernité, entravée par le carcan de règles sociales encore largement misogynes. Un personnage rejeté dans l’ombre par des ambitions masculines autant que par la négligence des historiens. L’oeuvre de Christel Mouchard permet en somme de réparer cet oubli, sans pour autant tomber dans le travers d’un féminisme outrancier.

Gertrude Bell, Archéologue, aventurière, agent secret., Christel Mouchard, 2015.

Lucie Dreyfus – la femme du capitaine

22 lundi Fév 2016

Posted by mrspepys in Essais

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biographie, ELLE, Famille, Histoire

couvluciedreyfusL’affaire Dreyfus est un sujet sur lequel maints ouvrages ont été écrits. Elisabeth Weissman le reconnaît en introduction, mais elle précise aussi que l’épouse du capitaine n’a guère été mise à l’honneur. S’appuyant sur des documents personnels, comme sa correspondance avec Hélène Naville, elle cherche à proposer un nouvel éclairage sur l’affaire qui a ébranlé la République naissante, celui des gender studies.

Le projet est de prime abord intéressant, d’autant plus que le livre s’ouvre sur des reproductions de lettres écrites par Lucie Dreyfus. Toutefois, au bout de quelques pages, deux éléments viennent réfréner l’enthousiasme. Le texte, dans un premier temps, est plombé par des justifications très nombreuses de l’auteur, qui semble craindre que le lecteur ne la suive pas. Ces interventions créent comme une pesanteur et ralentissent la lecture.

Le deuxième bémol est que, au fil de ces quelque trois cents pages, il est surtout question d’Alfred, de ses procès, de ses conditions de détention, et ainsi Lucie passe souvent au second plan. Certes son soutien indéfectible, habilement resitué dans le contexte de la Belle Epoque, est mis en exergue, mais l’essentiel de l’ouvrage revient à raconter une affaire qui a déjà été décrite par d’autres. Le plus étrange est d’ailleurs que, pour faire le récit des différentes étapes de l’affaire Dreyfus, Elisabeth Weissman emprunte beaucoup à d’autres auteurs, qu’elle cite fréquemment, comme Joseph Reinach par exemple.

Le destin de Lucie Dreyfus est assez exceptionnel, car il est lié à celui de son époux. Mais il n’est pas certain qu’il fut assez riche pour nourrir un ouvrage entier, sans répéter une histoire qui a été narrée à de nombreuses occasions.

Lucie Dreyfus. La femme du capitaine, Elisabeth Weissman, 2015.

Mille et un morceaux

10 dimanche Jan 2016

Posted by mrspepys in Essais

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biographie, ELLE, théâtre

couvmilleteunmorceauxUne jolie couverture, un titre alléchant et près de cinq cents pages au compteur : l’autobiographie de Jean-Michel Ribes est, de prime abord, intrigante, surtout quand on ne connaît pas bien l’homme. Mais dès les premières pages, le lecteur est embarqué, captivé par ces tranches de vie, servies sans souci de chronologie.

L’humour, l’autodérision et la passion de l’auteur donnent un dynamisme étonnant aux récits qui mettent en scène des artistes de renom, des amis, de simples connaissances. Jean-Michel Ribes partage ses souvenirs d’enfance et de jeunesse (mention particulière au périple vers Istanbul, en compagnie de Gérard Garouste et Philippe Khorsand…), mais aussi ses premières expériences professionnelles (la rencontre avec Jean Mercure qui ouvre cette  autobiographie est inoubliable de drôlerie) ou ses succès plus récents (la nomination à la tête du Rond Point, notamment). Et, entre ces aventures ou anecdotes, se glissent les « miettes », sortes d’aphorismes.

Si on peut penser, à l’orée de cette lecture, qu’il s’agit simplement d’une succession de souvenirs, il est très vite évident que l’ensemble est construit de manière subtile. Une certaine chronologie est, en dépit du fouillis de surface, respectée. Les épisodes hautement comiques alternent avec l’évocation de moments plus douloureux (la maladie ou la disparition de proches comme de grandes figures du théâtre). On saute d’une époque ou d’un sujet à l’autre avec autant d’aisance que l’auteur, dont l’audace et l’enthousiasme semblent les principales qualités.

Les dernières lignes laissent espérer d’autres textes de même teneur. Et c’est un soulagement pour le lecteur qui, emporté par l’énergie de l’auteur, en redemande. En attendant, pourquoi ne pas se rendre au théâtre et retrouver la verve de Monsieur Ribes dans une de ses pièces ?

Mille et un morceaux, Jean-Michel Ribes, 2015.

Pietra viva

06 jeudi Août 2015

Posted by mrspepys in Littérature contemporaine, Littérature française

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Arts, biographie, Italie, souvenirs

couvpietravivaLe décès d’un jeune moine auquel il était attaché bouleverse Michel-Ange. Il précipite son départ pour Carrare, où les montagnes dissimulent le marbre indispensable à la réalisation de sa prochaine oeuvre, le tombeau commandé par le pape Jules II. Des carnets de croquis réalisés nuitamment aux carrières arpentées toute la journée, l’artiste tâche de ne penser qu’à son travail. Pourtant, aux côtés des carriers, au contact d’un enfant qui vient de perdre sa mère, grâce à la Bible offerte par le jeune moine disparu, Michel-Ange renoue avec des souvenirs qu’il s’était efforcé d’oublier. Et l’oeuvre en gestation se nourrit de l’émergence de sentiments nouveaux.

Faire de Michel-Ange le personnage d’un roman n’est pas inédit (voir ici), et l’idée semble avoir encore de beaux jours devant elle car les lecteurs se sont, une fois encore, enthousiasmés. Ce roman m’a cependant laissée un peu sur ma faim. La froideur de Michel-Ange, le mystère peu utile qui entoure le décès du jeune moine, l’impression de survoler les différents personnages secondaires ne m’ont pas permis d’entrer pleinement dans un roman où les différents chapitres semblent juxtaposés plus que liés entre eux. Certains passages très poétiques sont agréables, et l’évolution de Michel-Ange au cours de son séjour pas inintéressante. Mais il reste toujours un je-ne-sais-quoi maintenant le lecteur à distance. Cette « pietra viva » manque tout bonnement de vie. Et le choix de la couverture en édition de poche est surprenant : pourquoi n’avoir pas choisi une oeuvre sculptée plutôt que peinte, de Michel-Ange ?

Pietra Viva, Léonor de Récondo, 2013.

La part de l’autre

11 samedi Juil 2015

Posted by mrspepys in Littérature contemporaine, Littérature française

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biographie, bof, Histoire

couvlapartdelautreVoilà un roman qui traînait dans ma PAL depuis plusieurs années, puisqu’il y était entré au moment de sa sortie en poche, quand, sur les blogs, se multipliaient les  billets élogieux. Un peu hébétée en cette fin d’année scolaire, je l’en ai sorti sans conviction.

La vie d’Adolf Hitler a suscité une foule d’écrits de qualité très variée, aux théories parfois abracadabrantes. Le roman d’Eric-Emmanuel Schmitt complète la liste en retenant un détail spécifique, celui de l’échec d’Hitler au concours de l’Ecole des Beaux-Arts, en octobre 1908. A partir de ce moment présenté comme crucial, l’auteur propose deux destins opposés, l’un débutant par cet échec et l’autre s’ouvrant sur le postulat d’une réussite au concours. D’un côté, il retrace (et tente d’expliquer) le parcours du dictateur qui a bouleversé l’équilibre européen, et, de l’autre, il imagine la vie d’artiste de celui qu’il nomme Adolf H.

Au terme de cette lecture, l’enthousiasme soulevé par ce roman au moment de sa publication me semble plus que surprenant. Aucun des deux Hitler présentés n’est vraiment  convaincant. Le portrait du dictateur en devenir m’a paru assez caricatural, trop psychologisant (l’épisode du chien mourant pendant la Grande Guerre était-il vraiment indispensable ?). Quant à l’artiste, sa naïveté et son émotivité m’ont rapidement agacée.

Des études d’histoire, suivies d’une réflexion liée à l’enseignement de cette période, m’ont sans doute donné des clés qui permettent d’aborder le sujet avec davantage de recul que la plupart des lecteurs. E.-E. Schmitt s’est sans doute documenté sérieusement avant de se lancer, mais cela n’a pas suffi pour rendre vraisemblable ce roman. L’histoire est un objet difficile à manier, et certains auteurs ont tendance à s’en emparer sans prendre les précautions nécessaires. Quel dommage !

La part de l’autre, Eric-Emmanuel Schmitt, 2001.

Le grand Coeur

24 samedi Mai 2014

Posted by mrspepys in Littérature contemporaine, Littérature française

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Arts, biographie, Histoire, Voyages

couvlegrandcoeurC’est une antique frustration qui a conduit à cette lecture. Une arrivée trop tardive à Bourges, après une journée passée dans le Sancerrois, m’avait fait trouver portes closes au palais Jacques-Coeur. La déception de n’avoir pu visiter la « grand’maison » a été ravivée par la mise à l’honneur du personnage dans les nouveaux programmes d’histoire de Cinquième. Préparer ce pan de cours s’est révélé encore plus passionnant que je l’avais imaginé, et l’envie d’une excursion en Berry s’est rallumée. Et voilà qu’avec sa sortie en poche, le roman de Jean-Christophe Rufin étale sa couverture dans les devantures de toutes les librairies. Il était temps de céder enfin…

Au crépuscule de sa vie, menacé par des ennemis mal identifiés, Jacques Coeur entreprend d’en faire le récit. Une enfance aux côtés d’un père fourreur, les premiers pas dans les métiers d’argent, qui le conduisent brièvement en prison, et la découverte de l’Orient constituent ce que l’on pourrait nommer la formation du personnage. Dès lors que ses idées se font plus claires, que son ambitieux projet se dessine, Jacques Coeur se montre plus audacieux. Pour réaliser son dessein, il se rapproche du roi Charles VII, qui le nomme Argentier. A force de travail, mais aussi grâce à une forme de génie des affaires, le petit bourgeois berrichon trouve sa place parmi les familiers, et même les conseillers du roi. Sa fortune croît au même rythme que le nombre de ses ennemis. Lucide sur la précarité de sa situation, conscient de la duplicité du roi, il se prépare à la chute qui ne parvient pas à l’anéantir, jusqu’aux derniers jours sur l’île de Chio.

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Statue de J. Coeur à Bourges

Cet ouvrage hésite entre deux genres, entre roman et biographie. Il est évident qu’un travail poussé de documentation a été mené en amont. L’auteur livre d’ailleurs, dans une postface aussi riche qu’instructive, ses sources. Mais le choix de la première personne pour raconter cette vie extraordinaire, comme dans des confessions ou des mémoires, donne au texte un ton intimiste qui l’éloigne des livres d’histoire. Jean-Christophe Rufin a trouvé un équilibre proche de la perfection pour rendre hommage à Jacques Coeur. Il comble avec élégance – et vraisemblance – les blancs laissés par l’histoire. Conscient des libertés que peut s’accorder un romancier, le lecteur savoure, page après page, le récit d’une vie fascinante autant que le tableau de la France de Charles VII. La place accordée à Agnès Sorel (autre personnage captivant de l’époque) ajoute la touche sentimentale indispensable pour contrebalancer l’aspect carriériste de Jacques Coeur.

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Agnès Sorel, d’après J. Fouquet

Il est très rare que je me laisse emballer par une lecture au point d’en faire un coup de coeur, mais ce roman en est indiscutablement un. Non seulement le propos, mais aussi le style de l’auteur m’ont tant séduite que je me suis efforcée de ralentir cette lecture, pour la faire durer le plus possible. Et pour la prolonger, un court séjour à Bourges est en gestation…

Le grand Coeur, Jean-Christophe Rufin, 2012.

Proust contre Cocteau

17 vendredi Jan 2014

Posted by mrspepys in Essais

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biographie, Proust

couvproustcontrecocteauRepéré en librairie, objet d’hésitations répétées, adoubé par le billet de Keisha, cet ouvrage ne pouvait que finir entre mes mains, et donc à l’honneur dans ce salon. La médiathèque que je fréquente ne le proposait cependant pas. Qu’à cela ne tienne, faisons jouer les prêts entre bibliothèques du département. Un service fort efficace, puisque moins d’une semaine après la demande en ligne, l’objet de ma convoitise était disponible.

Nés à une petite vingtaine d’années d’écart, Marcel Proust et Jean Cocteau se sont non seulement rencontrés, mais se sont côtoyés avec régularité, ont beaucoup correspondu et se sont mutuellement influencés. Loin d’être évidents pour leurs lecteurs, ces faits sont exposés avec beaucoup de clarté par Claude Arnaud qui peut aussi bien nourrir la réflexion des amateurs éclairés qu’il peut instruire le néophyte curieux.

Après deux chapitres relatant l’enfance des deux auteurs, pointant les similitudes comme les différences, on entre véritablement dans le coeur du sujet, à savoir la relation qui unit (parfois péniblement) Proust et Cocteau. Les circonstances de leur rencontre restent floues, même si le rôle joué par leurs proches, qui avaient perçu combien ces deux hommes avaient en commun, fut crucial. Les premières années, Cocteau est celui qu’on admire, le jeune prodige mondain, le caméléon littéraire. Proust l’encourage tout en le jalousant. Puis vient la publication, contre vents et marées, du premier volume de La Recherche. Grâce aux ficelles tirées par Cocteau, quelques papiers flatteurs poussent la critique comme les éditeurs à reconsidérer leur opinion sur l’oeuvre de Proust. Le « petit Marcel » découvre le succès, du fond de la chambre où il vit reclus. C’est en revanche l’heure des doutes pour Cocteau qui se cherche, et qui s’éloigne peu à peu de Proust. Les trajectoires contradictoires de ces deux carrières sont présentées et analysées intelligemment quoique clairement. La lecture du grand oeuvre de Proust par son ami Cocteau est présentée en contrepoint de celles qu’en ont fait les critiques au fil des ans. Elle offre un point de vue décalé, celui d’un homme qui en a connu la genèse aussi bien que les individus qui ont inspiré les personnages. Elle démystifie en quelque sorte ce chef-d’oeuvre aussi adulé que craint. Et, dans le même temps, Claude Arnaud redore le blason d’un Cocteau moins bien connu.

Le « contre » du titre renvoie à la fois à l’émulation entre les deux auteurs et à leur proximité, à leur attachement respectif. Ecrit dans une langue fort travaillée mais fluide, cet essai enrichit le lecteur tout en l’incitant à aller plus loin, à se forger son opinion en arpentant les oeuvres des deux auteurs.

Proust contre Cocteau, Claude Arnaud, 2013.

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