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Le salon de mrs pepys

~ carnet de lecture

Le salon de mrs pepys

Archives de Tag: Livres prêtés

Quand les histoires de nazis remportent des prix

31 samedi Mar 2018

Posted by mrspepys in Littérature contemporaine, Littérature française

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Histoire, Livres prêtés

Sans être une grande fanatique des romans récompensés par les prix littéraires de tout poil, je me suis laissée allée à la lecture du Goncourt et du Renaudot.

C’est avec Josef Mengele que je me suis lancée. Sous une identité empruntée, Josef Mengele débarque en Argentine, où les débuts sont plus pénibles qu’il ne l’imaginait. Grâce au régime péroniste bienveillant, le médecin SS en cavale se construit une nouvelle vie, osant même recouvrer son nom et envisager un avenir  heureux. Mais au tournant des années 1960, la traque des anciens nazis est relancée et, avec elle, un jeu de cache-cache avec les autorités. Du Paraguay aux marges rurales du Brésil, de planque en planque, Mengele est contraint de confier sa sécurité à différents individus peu amènes. Il s’aigrit et se ronge les sangs. Il se prend aussi à rêver, parfois, de retrouver sa famille.

Le récit d’Olivier Guez se lit comme une enquête où le point de vue serait celui du criminel. A la place de l’enthousiasme ou des découragements du chasseur, ce sont les craintes et les faux espoirs de l’homme traqué qui sont dépeints. On en oublierait presque, par moments, qui est le personnage central, ce qu’il représente. L’auteur est toutefois assez fin pour éviter que son lecteur prenne en pitié celui qui fut l’inhumain médecin d’Auschwitz. Force est de constater que Josef Mengele, s’il n’a pas fini en cellule ou sur un échafaud, expie ses crimes, lentement et sûrement, à mesure que ses angoisses le rongent. Entre roman et récit historique, ce texte dérange autant qu’il renseigne.

La Disparition de Josef Mengele, Olivier Guez, 2017.

Retour en arrière dans le temps et en Europe avec Eric Vuillard. En février 1933, les nazis doivent asseoir leur pouvoir. Il leur faut remporter les élections et bâillonner les opposants. Contre l’assurance de voir leurs activités prospérer, vingt-quatre grands patrons d’industrie déploient leur carnet de chèque. Le résultat de cette générosité ? la consolidation du régime nazi au point qu’il déborde chez son voisin autrichien. Car le coeur de ce roman aux accents fortement historiques est l’Anschluss. Là se trouve l’essentiel de l’intrigue, où sont narrés par le menu toutes les petites victoires mais aussi les déboires des Allemands dans cette entreprise d’annexion.

Pour évoquer un sujet qui n’a rien de léger au premier abord, Eric Vuillard renoue avec son habituelle ironie et le ton pince-sans-rire qui le caractérise. Il dénonce ainsi avec talent les méthodes retorses d’un Goebbels, la naïveté confondante de Chamberlain. La soumission des dirigeants autrichiens tourne au grand guignol et l’entrée de l’armée allemande sur le sol nouvellement allié à la farce. Un joli tour de force, d’autant plus que le style est moins frénétique, plus posé que dans d’autres textes de l’auteur. L’hésitation entre histoire et fiction reste, elle, bien présente. Et c’est là tout ce qu’on apprécie chez Eric Vuillard.

L’ordre du jour, Eric Vuillard, 2017.

Merci à Anne et Pierre-Alexandre, qui ont eu la gentillesse de me prêter ces deux livres.

 

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deux Vuillard sinon rien

03 mercredi Jan 2018

Posted by mrspepys in Littérature contemporaine, Littérature française

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Belgique, Découvertes, Histoire, Livres prêtés, Paris

Se jeter sur les prix littéraires de l’année ne fait guère partie des habitudes de ce salon. Je n’ai donc ni acheté ni lu L’ordre du jour. Mais quand un collègue m’a proposé de me prêter deux des livres précédents de l’auteur, il eut été malpoli de refuser.

C’est avec Congo qu’a débuté la découverte d’Eric Vuillard, dont le nom et les ouvrages ne m’étaient cependant pas inconnus. Au cœur de la Belle Époque, les puissances européennes décident, après s’être longtemps affrontées, de s’accorder, comme l’avaient fait jadis Espagnols et Portugais, sur un partage des terres destinées à agrandir leurs empires coloniaux. L’Afrique, dont seuls les littoraux sont vaguement connus, est cette fois l’enjeu principal des tractations. Et un territoire en particulier retient l’attention de l’auteur, à savoir un territoire de forêts, où s’enfonce un fleuve impressionnant, le Congo. C’est une lubie du roi des Belges que cette colonie construite de bric et de broc, grâce aux interventions peu scrupuleuses d’hommes de main et de soi-disant scientifiques, qu’Eric Vuillard étrille consciencieusement.

Après le silence et la solitude de la forêt équatoriale, ce fut une plongée dans les rangs des révolutionnaires parisiens. Du pillage de la maison Réveillon à la chute de la Bastille, les convulsions d’un peuple qui se sent aussi affamé que trahi sont décrits avec une précision enivrante. A la place de l’anonymat d’une foule insurgée, c’est un ensemble d’individus, des hommes et des femmes, qui agit pour mettre à bas le symbole de la monarchie absolue – et, surtout, pour faire main basse sur la poudre stockée dans la forteresse.  Alors la journée du 14 juillet 1789 prend, pour le lecteur, une place renouvelée dans la chronologie révolutionnaire.

Ce qui ne pouvait manquer de me séduire dans ces récits est, très logiquement, leur intérêt pour l’histoire, qu’il s’agisse de ses événements les plus connus ou ses détails les plus obscurs. On peut sans conteste reconnaître à Eric Vuillard la capacité de s’approprier des faits historiques pour alimenter ses œuvres romanesques, et ce sans vraiment recourir à la fiction. Un point de vue différent et un ton qui oscille entre indignation et admiration sont le sel de ces textes. L’érudition s’installe à chaque page, sans occuper toute la place. L’humain prend le pas sur la froideur des faits. On se laisse vite embarquer, et ces récits, assez courts au regard des productions du moment, se lisent en deux coups de cuillère à pot. Il faut bien dire que le style de l’auteur pousse toujours plus avant le lecteur, un peu comme les vagues qui déferlent et bousculent les nageurs. Des phrases courtes, des juxtapositions, des énumérations sont les signes particuliers d’un style qui ne laisse pas beaucoup le temps de reprendre son souffle. Mais c’est à la fois un des points forts de l’auteur et une limite, car ce procédé finit par lasser un tantinet au terme de deux lectures.

Si l’occasion se présente de lire L’ordre du jour, sans doute ne me ferais-je pas prier. Mais j’espère y trouver un nouveau souffle, pour ne pas trop avoir cette impression de déjà vu qui gâche parfois une lecture.

Congo, Eric Vuillard, 2012.

14 juillet, Eric Vuillard, 2016.

 

Le manoir de Tyneford

17 jeudi Juil 2014

Posted by mrspepys in Littérature étrangère, Littérature contemporaine

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Angleterre, Histoire, Livres prêtés

couvmanoirdetynefordLes chemins qui mènent à une lecture sont parfois tortueux. Pour celle-ci, le point de départ est Sandrion, dont l’enthousiasme a convaincu mon amie Christine,  qui m’a gentiment prêté le roman.

Au lendemain de l’Anschluss, les familles juives de Vienne vivent des moments difficiles. Chez les Landau, on se prépare au départ. Les parents, Anna et Julian, doivent profiter de la notoriété de Madame pour se rendre aux Etats-Unis, où leur fille aînée peut aussi trouver asile grâce aux compétences scientifiques de son époux. Pour Elise, la cadette, la question est plus délicate. C’est l’Angleterre qu’on lui choisit comme terre d’exil, en attendant de pouvoir l’accueillir outre-Atlantique, assortie d’une situation de femme de chambre au manoir de Tyneford. Rien de bien réjouissant de prime abord, car Elise, en parfaite enfant de la bourgeoisie viennoise, ignore tout des tâches domestiques. Elle réussit néanmoins à trouver sa place dans la maison, apprivoise aussi bien le personnel que les maîtres des lieux. Mais sur son nouveau bonheur anglais plane l’ombre de la guerre, qui retient ses parents en Autriche et complique ses amours.

Dans ce roman sont réunis bien des éléments qui auraient pu en faire une pépite. Le contexte historique autant que les deux cadres principaux de l’intrigue (Vienne, puis la campagne anglaise) sont plus que séduisants. L’exil forcé d’une jeune juive, et son adaptation progressive à un univers éloigné du sien, avec tous les obstacles que cela suppose, constituent une base solide pour une histoire passionnante. Et si l’on ajoute un soupçon d’amour au tout, on ne peut qu’espérer passer un agréable moment. Ce fut bel et bien le cas, mais cette lecture laisse une impression d’inachevé. Le personnage d’Elise manque de profondeur pour que l’intrigue prenne vraiment son envol. Certains passages auraient pu être dramatiques (celui où Elise est contrainte de se couper les cheveux, par exemple), et ainsi rendre l’héroïne, de même que son histoire, encore plus touchants.

En dépit de ces bémols, Le manoir de Tyneford reste plaisant à lire. Une forme de roman d’apprentissage qui n’est pas sans rappeler l’atmosphère de la série « Downtown Abbey » ou, mieux encore, du film « Gosford Park ». Une lecture de vacances, assurément.

Merci Christine !

Le manoir de Tyneford, Natasha Solomons, 2011.

Le Club des Incorrigibles Optimistes

20 vendredi Juin 2014

Posted by mrspepys in Littérature contemporaine, Littérature française

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Histoire, Livres prêtés, Paris

couvclubdesincorrigiblesoptimistesPas bien original, ce billet. Un roman beaucoup lu, beaucoup commenté par mes camarades blogueuses comme dans la presse. Mais ce qui m’a finalement décidée à le lire, c’est l’enthousiasme de Christine. Et ce qui m’a fait dévorer ses sept cents et quelques pages en moins d’une semaine, ce n’est rien moins que la coupe du monde de football, qui donne envie d’éteindre la télévision, de se couper de médias obnubilés par le Brésil et ces bonshommes riches à millions pour taper dans un ballon. Une plongée dans les années 1960, aux côtés de Michel Marini, comme un remède à l’overdose brésilienne.

Enfant du baby-boom, bercé par le rock naissant, balloté dans une famille où l’aisance n’empêche ni les déconvenues ni les malheurs, Michel est un grand adepte du baby-foot (argh !). Il aime par-dessus tout se rendre au Balto, place Denfert-Rochereau, où il peut affronter des adversaires de sa trempe. Entre deux parties, il se laisse distraire par une porte au fond de la salle, ornée d’un panneau annonçant le « Club des Incorrigibles Optimistes ». Il ose entrer finalement, et découvre une assemblée d’hommes d’âge mûr occupés à jouer aux échecs ou à lire les journaux. Il passe du baby-foot à l’échiquier, apprend à connaître ces ressortissants de pays d’Europe de l’Est, vaguement réfugiés en France, dans l’attente de papiers, d’un espoir de rentrer et retrouver leurs familles, d’un travail à la mesure de leurs compétences. Il apprend peu à peu à connaître ces hommes et leurs histoires, à apprécier leur optimisme et à s’agacer de leurs petits défauts. Une seconde famille se dessine, auprès de laquelle il vient chercher du réconfort, de l’aide quand son frère se met dans un pétrin noir, des conseils lorsqu’il tombe amoureux. Et ainsi grandit Michel.

Que ce roman est riche ! La galerie de personnages est si développée qu’on pourrait se perdre entre tous ces hommes aux destins quasi tragiques, et qui fournissent autant d’intrigues annexes à celle nouée autour de Michel. L’histoire s’inscrit dans un contexte dépeint avec précision, dans un Paris d’autrefois dont les traces s’estompent peu à peu. Les Parisiens apprécieront les références, à Madame Bonbons (qui a depuis fermé  boutique) ou à la pâtisserie viennoise notamment. La peinture d’une société en mouvement, où la lutte des classes tient toujours sa place, de même que l’arrière-plan historique, plombé par la Guerre d’Algérie et la Guerre froide, donnent du corps à l’intrigue. Il y a bien quelques longueurs par ici ou par là (dues en partie au fait que le parcours de chacun des nombreux membres du Club est raconté avec beaucoup de précisions), mais ce roman mérite son succès. Une belle lecture de vacances pour ceux qui n’ont pas encore succombé.

Le Club des Incorrigibles Optimistes, Jean-Michel Guenassia, 2009.

Merci, Christine !

Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre

08 jeudi Mai 2014

Posted by mrspepys in Littérature jeunesse

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Histoire, Livres prêtés, Premier roman

couvcequilsnontpaspuAvec Souviens-toi, j’ai découvert la collection Scripto de Gallimard. Ma chère Christine m’a gentiment proposé de poursuivre l’exploration de son catalogue en me prêtant Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre.

En juin 1941, Lina a quinze ans. Elle se passionne pour le dessin, s’agace de voir son pays, la Lituanie, se plier à l’autorité de Staline et ne craint pas de donner son avis. Sa vie bascule lorsque le NKVD vient arrêter sa famille en pleine nuit. Elle est déportée en Sibérie avec sa mère et son frère, tandis que son père est envoyé vers un autre camp du Goulag. Le voyage en train, puis l’apprentissage de la vie en captivité dans un kolkhoze, et enfin la douloureuse expérience d’un transfert vers un camp au-delà du cercle polaire forment les étapes du récit de Lina. Elle décrit les conditions de vie difficiles, inhumaines même à certains moments, et les relations compliquées entre les déportés eux-mêmes comme avec les soldats qui les encadrent.

Le ton, le choix de l’héroïne, le style font de ce roman une oeuvre destinée à la jeunesse. Pourtant un lecteur adulte peut trouver autant d’intérêt que de plaisir à cette lecture. Ruta Sepetys s’est efforcée de documenter avec précision son travail. Fille d’un réfugié lituanien, elle s’est non seulement appuyée sur le témoignage de son père, mais s’est aussi rendue en Lituanie pour recueillir des témoignages. L’histoire de Lina, si elle est le fruit de l’imagination de l’auteur, est nourrie de faits et d’anecdotes réels. La plongée dans l’univers du Goulag est rendue avec beaucoup de vraisemblance. On ne peut s’empêcher de penser à Une journée d’Ivan Denissovitch, sans oublier les travaux menés par des historiens comme Nicolas Werth (L’île aux cannibales, notamment). Au-delà de l’évocation historique, Ruta Sepetys réussit à captiver l’attention de son lecteur en créant une histoire où se mêlent secrets de famille, préoccupations adolescentes et une ébauche d’histoire d’amour. Les personnages secondaires, bien que nombreux, sont caractérisés avec soin. On évite le piège du manichéisme : les méchants ne sont pas si noirs qu’ils peuvent paraître, et les déportés ne sont pas tous gentils. Le dénouement est cependant un peu abrupt, et l’épilogue peut laisser le lecteur sur sa faim.

Une lecture à conseiller aux adolescents, mais aussi aux adultes curieux de comprendre ce que fut le Goulag.

Merci, Christine !

Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre, Ruta Sepetys, 2011.

Les douze tribus d’Hattie

30 dimanche Mar 2014

Posted by mrspepys in Littérature étrangère, Littérature contemporaine

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Famille, Livres prêtés

couvdouzetribusdhattieLorsqu’elle arrive à Philadelphie, en 1923, Hattie n’est pas bien vieille. Avec sa mère et ses soeurs, elle a quitté sa Georgie natale pour échapper aux pesanteurs du Sud et à la ségrégation. Ses espoirs et ses rêves se diluent rapidement dans son quotidien d’épouse et de mère. Onze enfants et une petite-fille l’occupent à plein temps, auxquels s’ajoutent un époux et, parfois, un amant. C’est au travers des portraits de ses douze rejetons que s’écrit l’histoire d’Hattie, de 1925 à 1980.

Dans ce premier roman, le lecteur découvre non seulement des personnages aux profils très variés, mais aussi, en pointillés, un tableau de la société américaine. Le racisme persistant dans le Sud, l’importance de la religion qui laisse espérer un monde meilleur, la pauvreté, voire la misère, le mal d’enfants, la persistance de superstitions anciennes, la folie sont autant de thèmes abordés au fil des pages. Chaque portrait est ancré en un lieu précis, peuplé de personnages secondaires qui sont plus que des faire-valoir. Et en arrière-plan se dessine toujours la silhouette d’Hattie, tantôt menaçante, tantôt protectrice. Le propos du roman est magnifiquement servi par une écriture très sobre, toute en retenue, à l’image de l’héroïne.

Merci, Christine, de m’avoir permis de passer un excellent moment en compagnie des tribus d’Hattie.

Les douze tribus d’Hattie, Ayana Mathis, 2012.

Mudwoman

07 vendredi Mar 2014

Posted by mrspepys in Littérature étrangère, Littérature contemporaine

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Famille, femmes, Livres prêtés, souvenirs

couvmudwomanA l’aube des années 2000, Meredith Neukirchen devient la présidente d’une université de renom. Elle est la première femme à obtenir une telle charge. Beaucoup d’espoirs et d’attentes pèsent sur les épaules de celle qui se fait appeler « M.R. ». Philosophe attachée au respect de la morale, bourreau de travail, pédagogue talentueuse, et jusqu’à lors irréprochable, elle sent braqués sur elle les regards de son entourage, des médias, de ses subalternes. Et, soucieuse à l’extrême d’assumer sa tâche de la meilleure manière possible, elle s’épuise. Des réminiscences brutales de son enfance autant que le climat tendu qui précède l’intervention américaine en Irak font vaciller ses certitudes. Peu à peu, elle perd pied. Ni sa famille adoptive, qu’elle a laissée à l’écart de sa carrière, ni son amant, finalement plus absent que secret, ne sont en mesure de lui venir en aide. Entre un lourd passé et un avenir pavé de chausse-trappes en tous genres, M.R. peine à garder le cap.

Comme souvent avec les romans de Joyce Carol Oates, l’entrée en matière m’a prise au dépourvu. La violence des premières évocations de l’enfance de M.R, abandonnée dans des marais boueux par une mère fanatique religieuse, oblige à entrer d’emblée dans l’histoire de Mudgirl / Mudwoman. La fragilité de cette femme confrontée à des obligations qu’elle prend trop au sérieux est si bouleversante que j’ai peiné à lire les premières pages. Et puis le talent de J.C. Oates fait son effet, et l’on se trouve entraîné. Les récits du passé alternent avec ceux du présent, étoffant peu à peu le portrait d’une femme qui s’est construite en résistant à toutes les mauvaises surprises que le destin lui a réservées. Un abandon dans des circonstances innommables, une famille d’accueil caricaturale, une adoption par un couple de quakers dont les intentions ne se révèlent pas si dénuées d’intérêt, une carrière bâtie avec acharnement, une vie sentimentale assez peu reluisante, rien dans la vie de Meredith ne semble vouloir aller de soi. Il n’est guère étonnant qu’elle soit, en fin de compte, un colosse aux pieds d’argile. Sous la pression inhérente à sa charge, elle craque progressivement. Le lecteur, qui prend de plein fouet les révélations du passé et les faiblesses du présent, ne peut qu’éprouver de la compassion pour cette femme. Et au-delà du portrait de Meredith, le tableau de ces Américains prêts à tout pour effacer l’affront du 11 septembre aussi bien que pour tester la résistance d’une femme qui a fait voler en éclats le « plafond de verre » n’est guère engageant.

C’est un roman difficile et passionnant, dérangeant et haletant, que livre ici la formidable Joyce Carol Oates. Quelle héroïne ! Quel auteur ! Une lecture idéale pour célébrer dignement la journée de la femme…

Merci, Christine, pour ce prêt.

Mudwoman, Joyce Carol Oates, 2012.

Souviens-toi

10 lundi Fév 2014

Posted by mrspepys in Littérature jeunesse

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Famille, Histoire, Italie, Livres prêtés

couvsouvienstoiLors du dernier Salon du Livre pour la jeunesse de Montreuil, j’ai découvert une collection des éditions Gallimard qui propose des romans aux thèmes plus variés que les sempiternels magiciens / sorciers / vampires et consorts. Une de mes collègues a craqué pour Souviens-toi, qu’elle m’a gentiment prêté.

Joséphine se souvient de sa soeur jumelle, Juliette. Un demi-siècle après sa mort, le manque est toujours aussi profond. Pour faire la lumière sur cette disparition, elle se décide à faire face à son assassin présumé, Armand, le petit ami de Juliette.

Mêlant souvenirs des vivants, journal de Juliette, passé et présent, c’est un récit complexe pour de jeunes lecteurs qui est proposé. Chacun des protagonistes ne connaît que certains pans de la vie de Juliette. Le secret de sa famille notamment, si lourd à porter, est une clé de sa disparition. Pour s’y frotter, Joséphine trouve dans sa voisine, qu’elle s’était pourtant jurée de garder à distance, une alliée de premier ordre.

Les thèmes abordés dans ce roman ne sont pas aisés à présenter à de jeunes lecteurs. Ils sont cependant traités ici avec une grande délicatesse, et agrémentés de quelques parenthèses plus légères, parfois drôles. Les relations humaines, au sein de la famille comme avec voisins ou amis, sont au coeur de l’intrigue. L’auteur montre combien il est difficile de comprendre les autres, de les aider au bon moment. Elle sait aussi rendre avec vraisemblance l’atmosphère d’après-guerre, quand l’heure est venue de faire les comptes.

Merci, Mélanie !

Souviens-toi, Elisabeth Combres, 2013.

Je ne suis pas un serial killer

10 jeudi Oct 2013

Posted by mrspepys in Policier et thriller

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fantastique, Livres prêtés

couvjenesuispasunserialkillerIl a beau n’avoir que 15 ans, John Wayne Cleaver a conscience de n’être pas un adolescent comme les autres. Ce qu’il l’intéresse par dessus tout, ce sont les serial killers :  il a emmagasiné une étonnante somme de connaissances sur le sujet et n’hésite pas à en choisir l’un d’eux quand il s’agit de rédiger un devoir biographique pour le lycée. L’ennui, c’est que John a aussi constaté qu’il présentait bien des similitudes avec ces personnages. Comme il craint les pulsions de violence qui se manifestent parfois, le jeune homme s’est fixé des règles strictes : en les respectant, il refuse de laisser sortir le monstre qu’il devine au fond de lui. Mais la situation se complique quand « le démon » commence à s’en prendre aux habitants de Clayton, la petite ville où il vit. Pour mener son enquête, John est contraint de renoncer à certaines règles.

Ce roman débute sans grande originalité. Le personnage de John, s’il est rendu intéressant par sa sociopathie, n’en demeure pas moins un adolescent en proie aux doutes propres à son âge. L’intrigue elle-même s’ouvre comme bien d’autres traitant des meurtres en série. Le lecteur s’installe donc tranquillement dans le récit. Jusqu’à ce que survienne l’élément qui rend le roman plus riche et palpitant : le fantastique. Le « démon » en est bel et bien un, même s’il se révèle plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord. Dès lors John s’étoffe lui aussi. Le double combat qu’il mène, contre le meurtrier qui décime la population de Clayton et contre lui-même, rend l’intrigue plus prenante. Au-delà de l’enquête, c’est la psychologie des personnages qui fait le charme de cette lecture.

Deux autres volumes ayant John Wayne Cleaver pour héros ont été publiés par les éditions Sonatine, qui ont visiblement un talent particulier pour dénicher ce type d’histoires. Vérification faite : ils sont disponibles à la médiathèque. Combien de temps attendrai-je avant de les emprunter ?

Merci, Aline, de m’avoir fait découvrir cette série.

Je ne suis pas un serial killer, Dan Wells, 2009.

En bref

24 samedi Août 2013

Posted by mrspepys in Littérature jeunesse

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en bref, Lire en anglais, Livres prêtés

tumblr_m63jy4MkfU1qzhokmo1_250Cette trilogie a été encensée par les ados auxquels elle était destinée, comme par les adultes. Elle fait l’objet, comme on pouvait s’y attendre, d’une adaptation cinématographique. Mélanie me l’a prêtée en VO. Je n’avais donc aucune excuse pour retarder l’expérience Hunger Games.

Je craignais d’être tellement prise par ces romans qu’il me faudrait les engloutir à la file, en quasi apnée. Les congés d’été semblaient plus que propices à ce genre de lecture. C’était se montrer très optimiste… Car plusieurs semaines ont finalement été nécessaires pour venir à bout de l’ensemble, lu par étapes. Pas moyen de m’enthousiasmer pour les aventures de ces adolescents un peu crispants. L’héroïne et ses hésitations perpétuelles m’ont particulièrement agacée.

L’envie de rédiger un billet sur ces romans fait défaut. Un petit bref suffira pour faire état de cette déconfiture.

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