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Geneviève, Yola, Ludmila, Gabriele, Stella ont été espionnes. Ce ne sont pas vraiment leurs prénoms, mais leurs histoires, racontées par Chloé Aeberhardt, sont véridiques. Sur fond de guerre froide, elles ont œuvré pour leur pays, parfois contre lui. Elles ont embrassé une retraite bien méritée, après un passage par la case prison pour certaines. Elles se livrent volontiers ou se font un peu prier. Le parcours de chacune de ces huit femmes est aussi palpitant que la quête de la journaliste qui a bataillé pour les rencontrer, mais aussi pour obtenir qu’elles lui parlent.

Truffé de références bibliographiques et historiques solides, l’ouvrage se lit comme un roman. Il faut dire que les anecdotes ne manquent pas. Celles qui sont propres à Chloé Aeberhardt, d’abord. Quand elle fait le récit de ses déplacements aux États-Unis ou en Israël. Quand elle brosse le portrait de ses contacts – difficile de ne pas s’attacher à Edmond Béranger, le dandy des services de renseignements.  Quand elle s’agace des fins de non-recevoir ou des tours de passe-passe des as de la communication. Mais le plus croustillant reste la plongée dans le monde secret des espions, qui se déguisent à qui mieux-mieux, trahissent et filent comme ils respirent. Grattent un peu de papier aussi, parce que les femmes peinent malgré tout à s’imposer dans un microcosme masculin, tranquillement misogyne.

Ne nous emballons pas pour autant : c’est de la belle ouvrage, ce recueil de témoignages, mais pas de révolution historique en vue. Une belle synthèse, nourrie de références historiques solides, assurément. Une lecture féminine du renseignement, intelligente. Avant tout un divertissement, cependant – porté à l’écran par Arte dans une série de courts portraits.

Les espionnes racontent, Chloé Aeberhardt, 2017.