L’année 2017 commence en fanfare : des travaux assez costauds (mes livres ont un temps été mis sur la sellette…) bousculent mon quotidien depuis deux semaines, et doivent durer encore un peu. Hormis le désordre ambiant, ce sont surtout les divers tracas qui accompagnent la rénovation forcée d’une partie de mon home sweet home qui m’ont tenue éloignée de ce salon. Le plus pénible étant passé, les billets de lecture peuvent faire leur retour, en commençant par un roman extirpé de ma PAL.
A la fin des années 1920, le palais Bialevski, sis à Dorsoduro, accueille plusieurs familles. Le propriétaire des lieux, Edoardo Bialevski, occupe le dernier étage sous les toits. Au piano nobile est installée la famille d’un avocat proche du pouvoir, Silvio Tolotta Pelz. Et à l’entresol vivent les Balmarin. Le lien entre ces familles, entre ces étages, ce sont les enfants. Ils se côtoient à l’école comme dans leurs loisirs, envisagent des unions à venir, cavalent dans les escaliers du palais, se chamaillent, s’immiscent dans les discussions des adultes où la diffusion des idées fascistes tient une place croissante.
Un titre et une couverture (la Salute vue par Turner) avaient jadis suffi à me faire acheter ce roman, car il m’est toujours difficile de résister à Venise. Sur ce point, pas de déception. La Sérénissime est un personnage à part entière, et non seulement un décor. Les descriptions de la ville sont rares, mais Pasinetti parvient à créer une atmosphère proprement vénitienne.
L’intrigue en revanche est plus difficile à saisir. Il s’agit davantage d’une succession de tranches de vie, notamment des aventures adolescentes, racontées par Giorgio, un ami des enfants Balmarin et Tolotta Pelz. Rien de bien palpitant, en somme. Des amours, des querelles, des drames. Et des portraits. Chaque personnage est présenté avec un étonnant luxe de détails, qui finissent d’ailleurs par embrouiller un peu le lecteur et ne les rendent pas plus attachants pour autant. L’arrière-plan historique n’apparaît qu’en filigrane, et la petite histoire, celle des enfantillages, l’emporte sur celle des années 1920.
Un bilan en demi-teinte, donc, pour un roman pas désagréable, mais loin d’être passionnant.
De Venise à Venise, Pier Maria Pasinetti, 1983.
