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Le salon de mrs pepys

~ carnet de lecture

Le salon de mrs pepys

Archives de Tag: Musique

Un été à quatre mains

08 dimanche Oct 2017

Posted by mrspepys in Littérature contemporaine, Littérature française

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à la campagne, Histoire, Musique

Mon admiration pour le travail de Gaëlle Josse n’est plus un secret pour ceux et celles qui s’aventurent ici régulièrement. Impossible donc de passer à côté du moindre de ses romans.

L’été est celui de 1824, et les quatre mains celles de Franz Schubert et de sa jeune élève, Caroline Esterhazy. Affaibli par une maladie honteuse et comme gêné aux entournures par l’absence de revenus, Schubert se résout à quitter Vienne pour jouer, pendant quelques semaines, le maître de musique dans la résidence d’été de la famille Esterhazy. Si l’atmosphère un peu guindée de la gentilhommière hongroise et la compagnie de jeunes gens qui ne l’estiment guère satisfont peu le musicien, il apprécie les heures passées au piano avec la cadette de la famille, aussi réservée que talentueuse. Les mots échangés sont rares et banals, mais des mains qui se frôlent sur le clavier valent parfois un long discours.

Gaëlle Josse s’inspire d’un épisode réel de la vie de Franz Schubert, et, comme à son habitude, elle l’enjolive avec délicatesse. Elle comble les manques, sans trop en faire, pour laisser au lecteur une part d’imagination. Elle rend joliment compte d’un univers artistique, avec autant de finesse que dans Nos vies désaccordées, où la musique avait déjà sa place, ou bien L’ombre de nos nuits, où elle rend hommage à un peintre. Le texte est court, ciselé. Et une fois encore, je suis séduite par ce petit bijou, qui donne (est-ce étonnant ?) envie d’écouter Schubert en boucle pendant des jours.

Un été à quatre mains, Gaëlle Josse, 2017.

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California Dreamin’

03 mardi Mai 2016

Posted by mrspepys in Bande dessinée

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déception, Musique

couvcaliforniadreaminLe nouvel album de Pénélope Bagieu était disposé bien en vue à la médiathèque. Je ne me suis guère posé de questions avant de l’emprunter. Eh bien, j’aurais dû !

Le prologue ne laisse planer aucun doute sur le sujet, puisque dès la deuxième page il est question du groupe « The Mamas & Papas » (dont un des titres phares sert de titre à l’album), et en particulier d’un de ses membres, celle qui se fait appeler Mama Cass. Elle est l’héroïne de cette bande dessinée, pardon de ce roman graphique, qui raconte comment elle est devenue membre de ce groupe des années 1960.  De l’enfance de celle qui est née Ellen Cohen à la constitution du groupe dans lequel elle s’est imposée, il faut dix-huit chapitres pour expliquer comment une adolescente aussi rondouillarde qu’exubérante est devenue chanteuse.

Plus de 250 pages pour mettre en scène un personnage aussi peu attachant que possible, voire particulièrement irritant. Chaque épisode de sa vie décrit ici montre combien Cass Elliott manque de finesse, quand ce n’est pas d’intelligence. Même ses amours malheureuses sont plus ridicules que touchantes. Quant à la musique du groupe lui-même, elle compte plusieurs de ces scies dont une vague nostalgique a fait de soi-disant morceaux cultes.

Et, cerise sur le gâteau, Pénélope Bagieu a adopté pour cet album un style qui m’a beaucoup déplu. Le choix du noir et blanc passe encore, mais la plupart des dessins ne semblent qu’ébauchés à la va-vite, et la graphie des dialogues est comme bâclée. Nombreux sont ceux qui se sont extasiés devant ce travail, et j’avoue que j’ai bien du mal à le comprendre. Ce parti-pris stylistique me donne toujours l’impression qu’on se moque un tantinet du lecteur.

En somme, cet album est une énorme déception pour moi, même si j’ai bien conscience d’aller à contre-courant de nombreuses de mes camarades blogueuses. Baste ! on ne me reprendra pas à emprunter une BD en médiathèque sans l’avoir feuilletée.

California Dreamin’, Pénélope Bagieu, 2015.

En bref : des raviolis, du miel et du jazz

23 mercredi Déc 2015

Posted by mrspepys in Inclassable

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Découvertes, en bref, Musique

quelques lectures pour commencer

couvfractaledesraviolisUn  voyage en TGV m’a permis (outre de rêver les yeux ouverts en découvrant les machines de l’Ile de Nantes) de dévorer La fractale des raviolis. Un roman à la manière des poupées gigognes, chaque chapitre faisant découvrir une histoire dans la précédente, jusqu’à les refermer les unes après les autres. Les différentes intrigues s’emboîtent avec une précision incroyable, tout en proposant des univers et des personnages d’une grande variété. L’apparente simplicité du style et le ton souvent pince-sans-rire font le reste. Les camarades blogueuses ont beaucoup écrit sur ce roman quand il a été publié, et elles ont très largement partagé le plaisir de le dévorer.

La fractale des raviolis, Pierre Raufast, 2014.

couvapiculteurUne couverture dans les mêmes tons, mais bien moins d’enthousiasme pour évoquer L’Apiculteur de Maxence Fermine. Le personnage d’Aurélien Rochefer, jusqu’au-boutiste de l’apiculture, doux rêveur et aventurier un peu malgré lui, n’a pas réussi à me séduire. Sous des dehors d’idéalisme se cache en fin de compte une forme d’égoïsme assez agaçante.

L’Apiculteur, Maxence Fermine, 2000.

Et, entre deux lectures (notamment pour le prix des lectrices ELLE), il reste un peu de place pour la musique (à défaut de temps pour un  blog trop souvent laissé en jachère). Grâce à un festival de jazz, j’ai eu le plaisir d’écouter le Sacre du Tympan, dirigé par Fred Pallem (à écouter ici) mais aussi le grand Avishai Cohen (son site).

 

Confiteor

19 jeudi Fév 2015

Posted by mrspepys in Littérature étrangère, Littérature contemporaine

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Histoire, Livres, Musique

couvconfiteorCe roman a glané une foule de louanges, chez les critiques traditionnels comme chez mes camarades blogueurs. J’étais donc à la fois curieuse et inquiète d’aborder sa lecture, car les succès de ce genre ont tendance à ne guère me plaire.

Fils unique, Adrià expérimente douloureusement l’adage : « on ne choisit pas sa famille ». Ses parents le poussent à se surpasser, l’un dans l’apprentissage des langues, l’autre dans la pratique du violon, sans vraiment l’aimer. Enfant docile, soucieux de faire plaisir, Adrià déchante à la mort de son père, lorsque, peu à peu, émergent de sombres secrets. Le violon qui fait la fierté de son père, tout comme ses collections d’oeuvres d’art et même sa fortune, ont été pour l’essentiel mal acquis. Ses premières amours sont instrumentalisées. Face à ces révélations, Adrià ne peut guère compter, pour le soutenir, que sur son ami Bernat (sans oublier ses compagnons imaginaires, deux figurines de cow-boy et d’indien). C’est à lui qu’il confie, quand il sent sa mémoire lui faire défaut, le récit de sa vie, où se mêlent destin personnel et histoire collective.

Ce roman avait, en théorie, maintes raisons de satisfaire mes attentes de lectrice. L’intrigue autant que le contexte historique, l’intérêt du personnage principal pour les livres comme pour la musique, auraient dû rendre cette lecture particulièrement agréable. La déception fut donc de taille.

Le récit m’a paru trop long, trop alambiqué, trop grandiloquent, de telle sorte que l’intérêt se relâche peu à peu. Les ressorts historiques de l’intrigue manquent peut-être de subtilité, en particulier lorsqu’il est question de l’Inquisition. Les références au nazisme ont un goût de déjà-vu. Et, surtout, le personnage d’Adrià est trop falot pour être sympathique. Son fatalisme, sa candeur confinent à la bêtise. Amoureux, il devient crispant tant il est naïf.

Une fois encore, un roman encensé de toutes parts me laisse sur ma faim.

Confiteor, Jaume Cabré, 2013.

Brèves de lecture

09 dimanche Nov 2014

Posted by mrspepys in Inclassable

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Arts, en bref, Histoire, Livres, Musique, Venise

tumblr_mmurb5qOKq1qb5t88o1_r1_250Après plus d’un mois de silence, j’essaie de faire timidement mon retour dans ce salon. Ma nouvelle affectation suscite bien plus de travail et de contraintes que je ne pensais. Je suis ravie de ce changement car ce nouveau poste est plus stimulant et les défis (notamment en termes de réflexion pédagogique) sont nombreux. Le hic, c’est que les journées ne font que vingt-quatre heures et que, pour être efficace devant les élèves, il faut dormir. Difficile de prévoir si les billets vont retrouver un rythme de parution normal, mais il est certain que je vais m’astreindre à passer par ici plus régulièrement.

Le point positif de la situation est que la lecture réussit à trouver sa place dans un emploi du temps très chargé. Les livres en attente de chronique s’empilent et, pour éviter qu’ils ne passent totalement aux oubliettes, voici un petit bilan de mes dernières lectures.

Le Duel, d’Arnaldur Indridason : le contexte historique – la guerre froide au début des années 1970 – m’a autant, si ce n’est plus, séduite que l’intrigue pourtant assez bien troussée ; faire de Marion Briem l’héroïne de ce roman est une idée plus que pertinente, car sa jeunesse donne la pleine mesure à son caractère bien trempé.

couvanneeaveniseUne année à Venise, de Lauren Elkin : acheté sur un coup de tête – impossible de résister à Venise ! -, ce roman n’a pas été une révélation ; le personnage principal est plutôt insipide et souvent agaçant ; heureusement que Venise est un personnage à part entière et qu’au fil des pages j’ai noté quelques lieux à explorer lors d’un prochain passage dans la cité des Doges.

couvconfreriemoinesvolantsLa confrérie des moines volants, de Metin Arditi : ce magnifique roman fera sans doute l’objet d’un véritable billet dans les semaines à venir, mais puisqu’il vient de sortir en poche, il est impératif d’encourager les lecteurs qui n’auraient pas encore succombé à la tentation à découvrir cette pépite ; au tournant des années 1930, le régime soviétique s’en prend aux religieux et à leurs possessions ; pour sauver les trésors de l’Eglise russe, un groupe de moines s’associe pour les subtiliser et les mettre en sûreté ; plus de soixante-dix ans après, leur secret est révélé, et leur trésor refait surface. Une fois encore, Metin Arditi sait enchanter son lecteur.

couvhistoiredaliceHistoire d’Alice qui ne pensait jamais à rien (et de tous ses maris, plus un), de Francis Dannemark : un joli petit roman, gonflé d’optimisme ; à lire sans hésiter.

couvbibliothequesfantomesEt pour finir, deux titres lus récemment et pour lesquels je vais m’efforcer d’écrire un billet digne de ce nom : le très subtil Contrepoint, d’Anna Enquist et le passionnant Des bibliothèques pleines de fantômes, de Jacques Bonnet.

The Bradshaw Variations

20 jeudi Juin 2013

Posted by mrspepys in Littérature étrangère, Littérature contemporaine

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Lire en anglais, Londres, Musique

couvbradshawvariationsLa Fête de la musique n’a lieu que demain, mais qu’importe, une association du mois anglais et du thème musical m’a semblé opportune, même si elle est légèrement en avance.

Chez les Bradshaw, on a opté pour une organisation peu ordinaire. Alors que madame quitte chaque jour le domicile familial pour aller travailler, monsieur reste à la maison pour veiller sur leur fille. C’est la promotion de Tonie à l’université qui les a convaincus. Thomas a donc démissionné pour se consacrer à leur fille Alexa, et à l’apprentissage du piano. Autour d’eux, leurs proches comprennent diversement ce choix, empêtrés qu’ils sont eux-mêmes dans leurs obligations et ennuis familiaux.

La vie de couple et ses petits sacrifices, l’éducation des enfants et ses compromis, le quotidien et ses désillusions sont au coeur de ce roman polyphonique. Si Thomas et Tonie sont les protagonistes principaux de ces variations, ils ne sont pas les seuls à prendre la parole. L’auteur propose d’autres points de vue, d’autres réflexions sur les relations entre hommes et femmes, entre parents et enfants. Adopter un chien, accueillir une camarade de classe de sa fille, décorer son home sweet home, trouver du temps pour se consacrer à ses loisirs, faire les boutiques pour acheter un manteau par un matin frisquet, être une « famille normale », telles sont les préoccupations des Bradshaw et des personnes qui gravitent autour d’eux. Comme à son habitude, Rachel Cusk n’est guère tendre avec ses personnages. Très introspectifs, ils sont une fois encore assez désabusés, conscients de leurs faiblesses, comme de celles de leurs conjoints ou de leurs parents. Dans cette middle-classe, plutôt aisée, chaque génération juge l’autre à l’aune de ses propres valeurs. Ils souhaiteraient se comprendre, peut-être même avoir de l’affection les uns pour les autres, mais les petits couacs d’hier pèsent lourd.

Si j’ai été déçue par Arlington Park, dont le ton était un peu trop pessimiste, ces Variations Bradshaw m’ont séduite. Une certaine tristesse, mâtinée de fatalisme, plane sur le roman, mais les personnages semblent moins résignés. Ils peinent à trouver le bonheur, mais ne désespèrent pas d’y arriver. Il est difficile de ne pas se sentir touché par ces réflexions sur le couple, par cette quête d’un équilibre personnel compatible avec celui de ses proches. Rachel Cusk rend compte, avec beaucoup de finesse, de la complexité des relations familiales.

The Bradshaw Variations, Rachel Cusk, 2009.

keep-calm-and-read

Le noyé du Grand Canal

23 jeudi Mai 2013

Posted by mrspepys in Policier et thriller

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Histoire, jardins, Musique, Nicolas Le Floch, Versailles

couvparot7 - noyeDepuis quatre années qu’il est monté sur le trône de France, Louis XVI peine parfois encore à imposer son autorité. Dans l’ombre se trament complots et conspirations. Louvoyant dans cette atmosphère pesante, Nicolas le Floch opère à la ville comme à la cour, tantôt sous les atours du commissaire du Châtelet, tantôt sous ceux du marquis de Ranreuil. Après s’être frotté au combat naval contre les Anglais, il est de retour à Paris où il est pressé d’enquêter sur la disparition d’un bijou de la reine, tout en poursuivant un meurtrier qui laisse derrière lui d’étranges devinettes imprimées sur des partitions. Une fois encore s’entremêlent affaires d’Etat et chasse aux vils criminels.

Cette septième aventure du sieur Le Floch reprend les ingrédients qui ont fait la particularité en même temps que le succès de la série. Le cadre des intrigues tient scrupuleusement compte des faits historiques. L’intrigue est menée à un rythme qui permet au lecteur de suivre le raisonnement du héros, qui évite les rebondissements aussi intempestifs qu’inutiles, et permet donc de se faire une idée quant au dénouement de l’enquête. On retrouve avec plaisir les personnages qui peuplent le petit monde du commissaire Le Floch, leurs petites manies et leurs bons mots. Le style et le travail sur une langue aussi proche que possible de celle de la fin du XVIIIe siècle se savourent.

Dans ce volume en particulier, j’ai beaucoup apprécié de découvrir davantage les musiciens du roi, et plus précisément les castrats. La bataille navale est également bien rendue. Une fois encore, l’auteur parvient à lier habilement, sans assommer le lecteur de détails érudits, connaissances historiques et intrigue policière. C’est avec plaisir que je reviendrai à cette série, dont plusieurs titres sommeillent dans ma PAL.

Nous étions faits pour être heureux

09 samedi Mar 2013

Posted by mrspepys in Littérature contemporaine, Littérature française

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Musique, souvenirs

couvheureuxCroisé à plusieurs occasions sur les blogs de mes petites camarades, ce titre n’a pas fait long feu sur la table où il était exposé à la bibliothèque. Un joli titre, une charmante couverture illustrée d’un clavier de piano. Il n’en fallait guère plus pour me donner envie en ce début de vacances.

Tout débute comme une banale histoire d’adultère. Suzanne n’était pas vraiment faite pour plaire à Serge, pourtant il est séduit par la simplicité qui se dégage de ses gestes, de sa silhouette ondulant au rythme de la musique. Incapable de résister au désir, il en fait sa maîtresse. Mais leur relation se complique dès lors que Suzanne cherche à mieux le connaître. Pour profiter du moment présent, Serge doit rouvrir les plaies du passé, panser les cicatrices de l’enfance.

Ce roman ne restera pas un souvenir impérissable. Dans l’histoire d’amour entre Serge et Suzanne, il manque un petit quelque chose qui la rendrait plus vraisemblable, plus touchante. Pour un peu, on pourrait penser qu’elle n’est qu’un prétexte destiné à évoquer les souvenirs qui troublent Serge, qui l’empêchent de s’épanouir pleinement. Là est bien le coeur du propos. Le mal-être du protagoniste principal est la clé qui permet de comprendre pourquoi le couple qu’il forme avec Lucie est bancal, pourquoi celui qu’il essaie de créer avec Suzanne s’étiole, pourquoi il ne parvient pas à tisser de véritables liens avec son fils. Cette réflexion aurait pu sous-tendre un roman poignant, si les bons sentiments et les clichés ne s’en mêlaient pas. Quant au style de l’auteur, à force de vouloir faire simple et naturel, il finit par sonner faux. Tout semble trop convenu.

Lu en deux temps trois mouvements, ce roman est finalement une déception. Il est peu probable que je m’aventure davantage dans la bibliographie de l’auteur.

Nous étions faits pour être heureux, Véronique Olmi, 2012.

Une heure de tranquillité

05 mardi Mar 2013

Posted by mrspepys in Théâtre

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Musique

une-heure-de-tranquilite afficheCe samedi s’annonce sous les meilleurs auspices pour Michel. En se promenant aux puces, il a mis la main sur un disque d’une grande rareté, une pépite indispensable à sa collection. En rentrant chez lui, il ne rêve que d’une petite heure de tranquillité pour écouter ce « Me, myself and I » qu’il attend depuis si longtemps. Sa famille et ses amis, son voisin et même l’ouvrier qui sévit dans une pièce de son appartement, tous semblent s’être accordés pour retarder ce plaisir.

La pièce de Florian Zeller remet au goût du jour les fâcheux si fréquents au théâtre, en particulier dans les pièces de Molière. Si l’intrigue n’a rien de bien surprenant (les rebondissements sont aisément prévisibles), les dialogues sont joliment travaillés, et paraissent aussi fluides que naturels. La galerie de personnages rassemble les habituels mari et femme, amant et maîtresse, enfant au caractère haut en couleurs. Mais tous sont interprétés avec talent. Cependant, celui sur lequel le regard du spectateur est rivé, celui qui donne son rythme à la pièce, est le personnage central, Michel, admirablement interprété par Fabrice Luchini. Sans lui le plaisir du spectateur serait-il le même ? De mon humble point de vue, certainement pas. De ce comédien se dégage une énergie étonnante. Tout et tous semblent se caler sur lui. Quand sa langue fourche, il improvise (une histoire de fille dans une vie antérieure, lors de la représentation à laquelle j’ai assisté) et personne ne bronche. Il occupe pleinement la scène, dont le décor se délite à mesure que l’intrigue avance. Il s’emporte, maugrée et boude, fait rire la salle aux éclats.

lucchinitheatre1Assister à ce spectacle est un moment de jubilation. On sort du théâtre Antoine le sourire aux lèvres, l’esprit léger. Et on se frotte les mains de pouvoir prolonger le plaisir en relisant le texte, disponible à la vente au théâtre.

Une heure de tranquillité, pièce de Florian Zeller. Mise en scène de Ladislas Chollat au théâtre Antoine, à partir du 26 février 2013, avec Fabrice Luchini, Christine Millet, Hélène Medigue, Grégoire Bonnet, Joël Demarty, Xavier Aubert et Ivan Cori.

Prince d’orchestre

06 dimanche Jan 2013

Posted by mrspepys in Littérature contemporaine

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Musique

couvprinceorchestreIl aurait aimé être compositeur, mais sa mère l’a poussé sur le devant de la scène. Alexis Kandilis est un chef d’orchestre au sommet de la gloire. Les publics du monde entier l’adulent. Les musiciens des plus grandes formations le craignent autant qu’ils le révèrent. Rien ne semble pouvoir résister au charme d’Alexis Kandilis. Si ce n’est sa suffisance et sa maladresse. Impatient de rejoindre de nouveaux amis, il laisse échapper une maladresse lors d’une répétition. Une phrase malheureuse, qui fait vaciller, puis basculer sa carrière et sa vie. Le prince déchu cherche alors à reconquérir ce qu’il a perdu.

Le premier billet de lecture de l’année 2013 est consacré à un roman coup de cœur – et Dieu sait qu’ils ne sont pas nombreux. En dépit d’une intrigue assez pessimiste et d’un personnage horripilant, ce roman est captivant. La plume de Metin Arditi fait une fois encore des miracles. Elle souligne sans pitié les défauts d’Alexis Kandilis mais sait aussi le rendre touchant par moment. Elle explore ce personnage tourmenté, dont le destin a basculé plusieurs fois en raison de décisions irréfléchies. Le succès ne parvient pas à gommer les souvenirs pesants, ni l’expérience à lui faire tirer les leçons des erreurs passées. Seule la musique reste fidèle dans les instants les plus pénibles. Une musique qui habite entièrement Alexis Kandilis, et révèle les meilleurs aspects d’un homme imparfait.

Qu’il est aisé de jeter la pierre à cet agaçant héros. Pourtant la galerie de personnages secondaires d’une extraordinaire richesse vient tempérer cette envie. Les puissants qui le jalousent comme ceux qui se servent de lui pour réussir portent une part de responsabilité dans le drame qui anéantit Kandilis. Si cette lecture laisse un goût amer, fait méditer sur la faiblesse de la nature humaine, elle fait naître une irrépressible envie de retourner au concert, autant pour admirer le chef que pour être emporté par la musique.

Prince d’orchestre, Metin Arditi, 2012.

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