Du grenier de ses grands-parents bretons au quartier du Sentier, Philippe Le Guillou se souvient d’épisodes remarquables de sa vie. A chacun correspond un lieu, et souvent des promenades. Des promeneurs et des lecteurs aussi. On le découvre enfant, dessinant des cartes imaginaires, puis adolescent, arpentant les chemins du Faou, le regard tourné vers l’horizon maritime et ses routes invisibles. En bord de Loire ou à l’église Saint-Eustache, il écoute Julien Gracq et Jean Guillou. Il prend le train, pour Rome ou Maisons-Laffitte. Et les paysages défilent au fil des souvenirs.
Géographies de la mémoire ne saurait se résumer, ni se raconter. Il se lit, un point c’est tout. Il suffit de se laisser porter par le rythme et la joliesse des phrases, par les souvenirs qui déferlent gentiment sur la page, viennent lécher l’imagination du lecteur. Cette belle langue, délicatement maniée, m’avait déjà séduite avec Paris intérieur, mais aussi avec Le pont des anges (sublime, il aurait mérité un billet).
En parcourant ainsi la mémoire de l’auteur, le lecteur qui l’a déjà fréquenté retrouve des lieux et des thèmes qui lui sont chers. Hormis les paysages – bretons, irlandais et romains -, la religion et les arts reçoivent une place de choix. Et derrière tout cela plane une douce nostalgie. Point de passéisme toutefois, mais l’impression qu’à force de multiplier les plans sur la comète s’estompent les vestiges du passé, dans le paysage comme dans les esprits.
C’est en somme une invitation à la promenade, rurale comme urbaine, autant qu’à la déambulation intérieure que propose ici Philippe Le Guillou.
Géographies de la mémoire, Philippe Le Guillou, 2016.
« Je viens d’une race de marcheurs qui n’ont jamais pratiqué cette activité en ville. Avant moi – et je l’ai fait beaucoup aussi – on marchait le long de la rivière du Faou ou dans les allées ombragées de la forêt du Cranou, on descendait des hauteurs de Rosnoën jusqu’aux grèves de l’Aulne, mes grands-parents ne connaissaient que l’air pur des bois, des prairies et des paluds. Je crois même que l’idée de marcher en ville leur était étrangère. Ce que j’appelle marcher : déambuler, aller sans contrainte pour le plaisir de pas qui n’ont d’autre logique que leur liberté. Et pourtant la géographie urbaine ne se laisse vraiment saisir que sur ce mode. »
Comme l’auteur est sans doute celui qui sait le mieux parler de son oeuvre, le voici présentant ses Géographies de la mémoire.
Je ne connaissais pas du tout, merci !
Philippe Le Guillou est un auteur assez prolifique : tu devrais trouver de quoi te plaire dans sa bibliographie.
Moi non plus, je ne connaissais pas. S’il a écrit ses déambulations dans PAris, ça m’intéresse.
Son « Paris intérieur »est très agréable à lire : une belle promenade parisienne.
Merci de votre belle critique d’un auteur que j’adore (le mot est au-dessous) de la réalité et à qui je consacre une page FB : https://www.facebook.com/philippeleguillouillustre/
Vous savez qu’il vient juste de publier un nouveau livre, La route de la mer ?
Merci : je découvre grâce à vous cette dernière publication, ainsi que la page facebook consacrée à Philippe Le Guillou, un auteur qui aura toujours sa place dans cet humble salon de lecture.
Le Guillou… je l’ai lu aussi mais pour moi il reste celui qui m’a inspectée, il y a… pas mal d’années maintenant et m’a ouvert des perspectives dans mon travail. Alors je lui suis très reconnaissante 🙂
Je me souviens en effet qu’il a été ton inspecteur. S’il est aussi ouvert qu’il le semble dans ses textes plus personnels, comme celui-ci, je comprends que tu en gardes un agréable souvenir.