C’est une famille peu ordinaire que celle des Winshaw. Michael Owen s’en doutait un peu, mais sa qualité de biographe officiel lui fait déterrer quelques vilains secrets. Elle lui attire aussi quelques ennuis, et contribue à lui ruiner le moral. L’irruption dans sa vie de Fiona, sa voisine, le pousse cependant à se remettre au travail. Il est même très prêt d’aboutir et de révéler si les tragédies familiales sont le fruit du hasard ou l’oeuvre de quelque malveillant. Tabitha, l’originale de la famille Winshaw, aurait-elle eu raison…
Emballée par de précédentes lectures, j’ai entamé ce roman pleine de confiance et de curiosité. Mais le premier tiers de l’ouvrage a peiné à retenir mon attention. Le personnage de Michael est d’abord assez agaçant, de même que le premier des Winshaw à être présenté (l’horripilante Hilary). La construction du texte est elle aussi déroutante, alternant le récit des faits qui concerne le travail de Michael et une présentation d’un des membres de la famille Winshaw. Puis, quand Michel Owen se remet au travail et que l’intrigue semble à nouveau avancer, on se prend au jeu et les pages se tournent avec une étonnante facilité.
Au-delà de l’impatience à découvrir si Tabitha est aussi folle que veut bien le faire croire son frère, c’est le tableau du contexte politique et social de l’Angleterre des années 1980 qui retient l’attention du lecteur. La critique est nette, vive et toujours teintée d’ironie. L’auteur parvient à rendre ridicule la politique libérale menée par Margaret Thatcher, à tourner en dérision la déréliction des programmes télévisés, à moquer la bêtise d’Etats qui ont joué avec le feu au Moyen-Orient. Et pour ce faire, il place en première ligne la famille Winshaw, dont les membres, insérés dans tous les domaines de la vie publique, ont chacun quelque chose à se reprocher. On sourit beaucoup en lisant Testament à l’anglaise, mais souvent jaune. L’odyssée médicale de Fiona est à ce titre exemplaire, mêlant quiproquo et rebondissements en tous genres, pour mener à un dénouement tragique. C’est une merveilleuse satire que livre ici Jonathan Coe. Il faut être patient pour y entrer pleinement, et se laisser finalement emporter par une histoire aussi (malheureusement) vraisemblable que surprenante.
Testament à l’anglaise, Jonathan Coe, 1994.
Ce livre est brillant ! Le chef d’oeuvre de Coe
Brillant, c’est le mot juste.
J’avais adoré !
Ton billet est de ceux qui m’ont donné envie de lire ce roman. 😉
Je l’ai lu il y a quelques années mais j’en ai gardé un excellent souvenir. J’aime beaucoup Coe même si son dernier ne m’a pas emballée.
Mr. Sim m’avait bien plu : c’est d’ailleurs par ce roman que j’ai découvert l’auteur. Néanmoins c’est sans doute La pluie avant qu’elle tombe qui m’a le plus charmée.
Un beau billet qui fait envie, je l’ai dans ma vieille PAL, il va me falloir l’en sortir !!!
Qu’il va être difficile de choisir : extirper Coe de la vieille PAL ou piocher dans les nouveautés arrivées dans ta BAL (ton billet du jour fait très envie :))…
Un roman lu il y a dix ans, je l’ai trouvé complexe n’y connaissant pas grand chose à la politique anglaise, mais très intéressant et puis c’est Jonathan Coe donc…
Comme tu dis, Jonathan Coe… une valeur sûre…
Je n’ai jamais lu Coe (ne me huez pas) pour la bonne raison qu’il ne m’a jamais tenté. Il faudrait un jour que je fouille dans sa bibliographie pour voir si quelque chose me tente.
Fouille, jeune demoiselle, tu devrais y trouver ton bonheur. Et en VO, s’il te plaît. 😉