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Alors qu’elle souffle ses cinquante bougies, Delphine Maubert sent qu’il est temps de bousculer les habitudes, de s’essayer à de nouvelles expériences. Elle est veuve depuis onze ans et ses enfants sont adultes. Rien ne s’oppose à  ses aspirations toutes neuves. Mais, à peine a-t-elle commencé à réfléchir au tournant qu’elle veut donner à sa vie qu’elle se découvre malade. Le corps médical n’est guère optimiste : il lui reste tout au plus quelques mois à vivre. Il lui faut non seulement accepter la maladie, mais aussi partager la nouvelle avec sa mère et ses enfants. Un soutien inattendu se présente sur le champ de bataille qu’est devenue sa vie, celui du médecin de famille avec lequel se nouent des amours bien tardives.

C’est sans doute le roman le plus poignant que j’ai pu lire de Jacqueline Harpman. L’auteur réussit – on ne sait trop comment – à raconter les derniers mois d’une femme malade avec une délicatesse extrême. On s’apitoie bien un peu sur le sort de Delphine, mais à aucun moment le ton n’est larmoyant. La maladie comme la mort sont présentées comme inéluctables, et par conséquent évoquées avec philosophie. On pourrait presque y voir un guide du bien mourir.

Mais au-delà, c’est encore un appel à profiter de chaque moment de la vie, en particulier ceux que l’on partage avec les êtres qui nous sont chers. Construire des souvenirs communs, transmettre les siens aux générations les plus jeunes permettent d’éviter les regrets. C’est ainsi que Delphine nourrit ses derniers mois avec sa mère et sa fille, qu’elle redécouvre un peu dans l’urgence.

Un très beau roman, très différent de ceux que je connaissais de Jacqueline Harpman. Et une superbe conclusion au mois belge 2019.

Récit de la dernière année, Jacqueline Harpman, 2000.

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