A peine avais-je refermé ce roman, emprunté en bibliothèque, que je croise maintes affiches célébrant sa sortie au format poche. Pour un peu ce billet collerait un temps soit peu avec l’actualité, ce qui devient rare dans ce salon.
Les vacances sont l’occasion pour Jean Louise Finch de quitter New York, où elle s’est installée, et de passer quelques jours dans la ville d’Alabama qui l’a vu grandir, Maycomb. Elle y retrouve son père, un peu diminué par la maladie, mais toujours l’esprit alerte, ainsi que la tante avec laquelle elle aime se chamailler et son oncle aussi érudit qu’original. Mais c’est Hank, l’ami d’enfance susceptible de devenir un époux, qui vient l’accueillir. Ce retour est une plongée dans les souvenirs d’enfance (on l’appelait « Scout » alors) en même temps qu’une redécouverte d’un Maycomb que Jean Louise pensait immuable. Car les moeurs évoluent aussi dans le Sud des Etats-Unis. Les questions raciales bouleversent l’équilibre qu’elle a connu jadis, et semblent avoir transformé ses proches.
La construction du roman semble un peu bancale, entre une première partie largement dominée par la nostalgie (et donc de nombreuses évocations de souvenirs) et une seconde où les interrogations de Jean Louise se traduisent par une succession de dialogues. La lutte pour l’obtention des droits civiques tient une place essentielle dans l’intrigue, mais elle ne s’affirme vraiment qu’à la fin du roman, quand l’héroïne découvre (ou croit découvrir) que sa famille a rallié le camp de l’intolérance. Pour tout lecteur de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, la première partie du roman a comme intérêt les retrouvailles avec des personnages et une atmosphère déjà connus. Le personnage de Scout semble fidèle à lui-même, et ce parfum de nostalgie n’est pas désagréable. La seconde partie est, en comparaison, plus laborieuse. Les multiples discussions entre Scout et les membres de sa famille paraissent interminables, et redondantes. Que d’arguments et d’éclats de voix pour en arriver à un dénouement un tantinet décevant. Il manque à cette évocation des questions raciales de quoi s’enraciner dans la réalité (comme c’était le cas dans Ne tirez pas…). On a l’impression d’une réflexion hors sol, qui pourrait être menée par n’importe quel personnage, dans quelque lieu des Etats-Unis que ce soit.
Ce fut donc une lecture décevante, d’un roman dispensable.
Va et poste une sentinelle, Harper Lee, 2015.
Harper Lee semble être l’auteur d’un seul roman valable. Les avis sont tous mitigés sur cette suite.