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coulimprevisibleA plus de soixante ans, Guido Gianotti est à la retraite. Sa passion pour l’histoire de l’art, qu’il a longtemps enseignée, le conduit parfois à jouer les experts. C’est pour estimer un tableau dont elle souhaite se défaire qu’il rencontre Anne-Catherine. Elle est plus jeune, séduisante, et son tableau se révèle d’un intérêt tout à fait particulier. A mesure que Guido avance dans ses recherches sur cette peinture de la Renaissance, les liens se resserrent avec Anne-Catherine, malgré la différence d’âge et de milieu social.

L’art est encore à l’honneur dans ce roman de Metin Arditi, comme dans Le Turquetto et Prince d’orchestre, qui lui sont postérieurs. C’est visiblement un thème qui est cher à l’auteur, tout comme ceux du vieillissement ou de la difficulté à trouver sa place dans un groupe de la société qui n’est pas le sien.

Le personnage central, Guido, est tiraillé entre ses envies et les contraintes liée à l’âge. Les années lui ont apporté une plus grande sagesse, des connaissances nombreuses dans son domaine de prédilection et un carnet d’adresses bien rempli. Il n’en est pas moins frustré de sentir qu’il contrôle plus difficilement son corps, surtout quand il est question de la bagatelle. La présence de son fils, qui lui ressemble tant qu’il lui rappelle ce qu’il était il y a peu, rend la situation encore plus pénible. Guido, autrefois charmeur invétéré, doute. Il craint de n’être plus à la hauteur. Et, quand enfin il retrouve confiance, la réalité le rattrape. A ce sujet, le dénouement du roman n’est pas un secret, amené qu’il est par le prologue. Le coeur de l’intrigue est présenté comme un compte-à-rebours, chaque chapitre ramenant peu à peu à la situation introduite dans ce prologue.

Ce qui a le plus retenu mon attention reste néanmoins l’enquête menée autour du tableau qu’Anne-Catherine veut vendre. Les différentes étapes qui mènent à identifier l’artiste, puis l’importance de l’oeuvre, ménagent une forme de suspense. Pas de retournements rocambolesques, mais un travail d’expert conduit avec minutie et ordre, comme on aimerait en voir davantage dans les romans. La vraisemblance est sauve, et cela permet de laisser une plus grande place aux personnages, qui ne se réduisent par à leur rôle d’enquêteur.

Tout cela tient en moins de deux cents pages, d’une richesse et d’une finesse admirables. Une fois encore la plume de Metin Arditi a su me séduire. J’espère que son dernier roman réserve d’aussi plaisantes surprises.

L’imprévisible, Metin Arditi, 2006.

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