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Ce samedi s’annonce sous les meilleurs auspices pour Michel. En se promenant aux puces, il a mis la main sur un disque d’une grande rareté, une pépite indispensable à sa collection. En rentrant chez lui, il ne rêve que d’une petite heure de tranquillité pour écouter ce « Me, myself and I » qu’il attend depuis si longtemps. Sa famille et ses amis, son voisin et même l’ouvrier qui sévit dans une pièce de son appartement, tous semblent s’être accordés pour retarder ce plaisir.
La pièce de Florian Zeller remet au goût du jour les fâcheux si fréquents au théâtre, en particulier dans les pièces de Molière. Si l’intrigue n’a rien de bien surprenant (les rebondissements sont aisément prévisibles), les dialogues sont joliment travaillés, et paraissent aussi fluides que naturels. La galerie de personnages rassemble les habituels mari et femme, amant et maîtresse, enfant au caractère haut en couleurs. Mais tous sont interprétés avec talent. Cependant, celui sur lequel le regard du spectateur est rivé, celui qui donne son rythme à la pièce, est le personnage central, Michel, admirablement interprété par Fabrice Luchini. Sans lui le plaisir du spectateur serait-il le même ? De mon humble point de vue, certainement pas. De ce comédien se dégage une énergie étonnante. Tout et tous semblent se caler sur lui. Quand sa langue fourche, il improvise (une histoire de fille dans une vie antérieure, lors de la représentation à laquelle j’ai assisté) et personne ne bronche. Il occupe pleinement la scène, dont le décor se délite à mesure que l’intrigue avance. Il s’emporte, maugrée et boude, fait rire la salle aux éclats.
Assister à ce spectacle est un moment de jubilation. On sort du théâtre Antoine le sourire aux lèvres, l’esprit léger. Et on se frotte les mains de pouvoir prolonger le plaisir en relisant le texte, disponible à la vente au théâtre.
Une heure de tranquillité, pièce de Florian Zeller. Mise en scène de Ladislas Chollat au théâtre Antoine, à partir du 26 février 2013, avec Fabrice Luchini, Christine Millet, Hélène Medigue, Grégoire Bonnet, Joël Demarty, Xavier Aubert et Ivan Cori.
Tu donnes vraiment envie. Je n’ai jamais vu Lucchini sur scène, il faut vraiment que je remédie à ça.
Cet homme est impressionnant. Jusqu’à présent je ne l’avais vu que pour des lectures / récitations de texte (La Fontaine, Céline), et il a étonnante présence sur scène, même quand il est entouré d’autres comédiens.
J’aime beaucoup Fabrice Luchini, un homme extrêmement cultivé. Cela a dû être une super représentation. J’aimerais un jour le vois sur scène.
Il occupe beaucoup de place sur scène, plus qu’au cinéma sans doute.