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couvprinceorchestreIl aurait aimé être compositeur, mais sa mère l’a poussé sur le devant de la scène. Alexis Kandilis est un chef d’orchestre au sommet de la gloire. Les publics du monde entier l’adulent. Les musiciens des plus grandes formations le craignent autant qu’ils le révèrent. Rien ne semble pouvoir résister au charme d’Alexis Kandilis. Si ce n’est sa suffisance et sa maladresse. Impatient de rejoindre de nouveaux amis, il laisse échapper une maladresse lors d’une répétition. Une phrase malheureuse, qui fait vaciller, puis basculer sa carrière et sa vie. Le prince déchu cherche alors à reconquérir ce qu’il a perdu.

Le premier billet de lecture de l’année 2013 est consacré à un roman coup de cœur – et Dieu sait qu’ils ne sont pas nombreux. En dépit d’une intrigue assez pessimiste et d’un personnage horripilant, ce roman est captivant. La plume de Metin Arditi fait une fois encore des miracles. Elle souligne sans pitié les défauts d’Alexis Kandilis mais sait aussi le rendre touchant par moment. Elle explore ce personnage tourmenté, dont le destin a basculé plusieurs fois en raison de décisions irréfléchies. Le succès ne parvient pas à gommer les souvenirs pesants, ni l’expérience à lui faire tirer les leçons des erreurs passées. Seule la musique reste fidèle dans les instants les plus pénibles. Une musique qui habite entièrement Alexis Kandilis, et révèle les meilleurs aspects d’un homme imparfait.

Qu’il est aisé de jeter la pierre à cet agaçant héros. Pourtant la galerie de personnages secondaires d’une extraordinaire richesse vient tempérer cette envie. Les puissants qui le jalousent comme ceux qui se servent de lui pour réussir portent une part de responsabilité dans le drame qui anéantit Kandilis. Si cette lecture laisse un goût amer, fait méditer sur la faiblesse de la nature humaine, elle fait naître une irrépressible envie de retourner au concert, autant pour admirer le chef que pour être emporté par la musique.

Prince d’orchestre, Metin Arditi, 2012.